2020 - Sardaigne

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Mercredi 30 septembre 2020 – Palau – é bé belle bé !

Ce matin, à Olbia, j'avais un serveur de première qui m'a préparé un petit-déjeuner presque sur-mesure. C'est le propriétaire de la maison qui m'accueillait. Il en était même gênant faisant les cent pas me regardant avaler jus de fruit, café au lait, yaourt, croissant, pomme …

Je suis parti assez tôt pour bénéficier d'une bonne température, le ciel étant tout dégagé. Le gymkhana dans les rues de Olbia m'a fait retrouver une très belle route mais … sur quelques kilomètres seulement. Après, c'est à nouveau la chaussée encadrée par les ferrailles de ces glissières de « sécurité » sans bas-côtés, un enfer pour les cyclistes qui deviennent très vulnérables. Dans aucun pays à ma connaissance on ne trouve ce type de maillage métallique sur trois à quatre hauteurs de glissières. Et puis … mon vélo commence à godiller. Le connaissant par coeur, je sais que j'ai crevé de la roue arrière. Je m'arrête le plus vite possible profitant d'une entrée de propriété. Je désosse le Mulet, me mets plein de graisse noire pour sortir la roue. Comme pour la première crevaison, le passage de la main sous l'enveloppe me fait accrocher une forte épine que j'ai eu du mal à extraire. La trou est net. La rustine est bien collée. Je remonte tout, gonfle, et ça repart.

L'étape est courte. Je pense aller rendre visite à Palau, une cité probablement très touristique qui se situe face aux îles Maddalena très habitées avec des ferries qui font les navettes quotidiennes, dominée par la forteresse de Monte Altura. De fait, de belles plages, un panorama immense rendent très attractive cette ville de Palau. De très curieuses et originales configurations rocheuses caractérisent aussi cette région avec des formations granitiques rondes et sculptées naturellement. Palau, cité culturelle aussi qui possède un musée ethnographique. J'ai pu admirer une exposition de photographies (tirages papier de 80 cm x 60 cm) sur le thème générique de la souffrance, la plupart étant des saisies de visages dont l'expression révéle des situations terribles avec bien plus de force que la seule écriture ne pourrait le faire.

Très belle route à la sortie d'Olbia

 

 

Deuxième crevaison due à de sacrées épines

 

A croire que les concepteurs de ces aménagements n'ont jamais fait de vélo ! ...

 

Vigne irriguée au goutte-à-goutte aérien

 

Baie de Palau

Eglise de Palau

Port de Palau

La forteresse di Monte Altura domine Palau

Le granite naturellement sculpté

Palau

Ferry vers les îles Maddalena

 

Je suis à seulement 25 kilomètres de Santa Teresa di Gallura que j'atteindrai demain pour, vendredi, reprendre le ferry pour la Corse.

Olbia – Palau, 51 km   +657 m   -606 m

Jeudi 1er octobre 2020 – Santa Teresa di Gallura, retour

J'étais hébergé sur les hauteurs de Palau dans un club de vacances qui loue des appartements studios très bien entretenus malgré la quasi absence de vacanciers. Le site est perché. Les vues sont magnifiques notamment sur la baie de Porto Puddu.

Mon objectif ce matin est dérisoire : rejoindre Santa Teresa pour demain matin prendre le ferry pour Bonifacio : 25 kilomètres. La route serpente en corniche puis rejoint l'axe à grande circulation Olbia – Santa Teresa. Peu de kilomètres mais toujours le même sentiment d'insécurité lié à l'absence de bas-côtés et aux glissières continues qui font frémir le cycliste dès lors que deux véhicules en sens inverse se rapprochent.

On est ici en plaine avec de grandes étendues de roseaux, quelques élevages de vaches et de chevaux, mais pas de signes visibles de paysans. La grande ville Santa Teresa s'annonce avec des panneaux indiquant les quais d'embarquement pour les ferries reliant la Corse. Je retourne chez ma logeuse du départ. Grand tour à pied sur les hauteurs dominant la mer face à Bonifacio presque à portée de main, avec ses falaises blanches ensoleillées. 

Pas mal de baigneurs encore à la belle plage de sable de Rena Blanca. Mais la ville est impressionnante par le vide que l'on ressent. Il y a une grande majorité de volets fermés, habitations ou commerces. 

Baie de Porto Puddu

Terribles ridelles pour les cyclistes

Port de Santa Teresa Di Gallura, entrée maritime en Sardaigne

Au fond, Bonifacio

 

Eglise de Santa Teresa Di Gallura

 

La vue depuis ma chambre

Au fond Bonifacio

 

Santa Teresa Di Gallura

 

Plage de Santa Teresa di Gallura

Mon petit tour en Sardaigne se termine. Demain matin je dois prendre le ferry de retour pour Bonifacio à 7h. . 

Palau – Santa Teresa Di Gallura, 25 km   +253 m   -238 m

Vendredi 2 octobre 2020 – Figari (Corse) – pas de contrainte Covid

Il fait nuit noire ce matin à Santa Teresa Di Gallura lorsque j'harnache le Mulet. Direction les quais d'embarquement pour Bonifacio. Le ferry de la compagnie Moby est là, toutes lumières allumées. Un policier me salue avec le respect dû à la charge du vélo, et m'invite à me mettre au premier rang pour embarquer. Quelques véhicules sont déjà là. Il est 6h30. J'apprendrai à Figari qu'aucune traversée Bonifacio – Santa Teresa n'a été possible durant au moins trois jours consécutifs en raison du mauvais temps : tiens ici aussi ? … La remontée vers Bonifacio se fait dans une fraîcheur très supportable pour rester sur le pont suivre la naissance du jour sur les îles Lawesi. Le bateau a une trentaine de passagers. Le ferry recule puis tourne sur lui-même pour pointer la belle cité Corse. Un peu de houle donne du roulis. Accroche-toi ! Par précaution j'ai ficelé le Mulet au bastinguage. Le disque solaire émerge des nuages à l'horizon. Les fumées noires des deux cheminées font réfléchir au … bilan carbone. L'entrée dans le port de Bonifacio fait diminuer la vitesse. On accoste en tout début de quai laissant tous les voiliers plus au fond. Le signal du départ est donné. Le vélo sort en tête passe tranquilou devant un policier galonné. Pas de signe particulier. Je continue et sors sans aucun contrôle. Bon, excellente chose.

Le ferry Moby pour le retour en Corse

 Bonifacio

 

On est en Corse ...

Il est à peine 8h. Un petit café ? Je hisse le vélo sur des terrasses en bois couvertes de tables rondes et de chaises, et … « Hola ! Pas de vélo ici ». Je sors mon casque lentement … « Pas de vélo ! ». Je me mets à rigoler comme d'ailleurs les autres consommateurs assis. J'exécute l'ordre, passe devant le monsieur et lui dis d'une voix un peu forte : « Vous avez mal dormi monsieur ? Vous n'êtes pas bien réveillé je crois ? ». Les rires augmentent, le monsieur se remet à grogner … (ma mère aurait dit : il doit avoir les vers !). J'ai pris le café et le croissant dans le bar voisin. Curieux tout de même cette excitation bizarre de si bonne heure ! …

Il me reste environ 25 kilomètres pour retrouver la maison réservée avec airbnb où j'ai laissé le carton d'emballage du vélo ainsi que du change. Je passe le bourg de Figari, laisse à gauche l'aéroport pour retrouver Stéphanie, son mari, leurs enfants dans un bout de maquis

Santa Teresa Di Gallura - Bonifacio – Figari, 25 km   +340 m   -315 m

Samedi 3 octobre 2020 - Toulouse - aéroport vide

L'avion de la compagnie Volotea part à 14h de Figari. Je suis accompagné gracieusement par mon hôte Airbnb. Le carton vélo rentre juste dans la voiture. L'avion pour Toulouse (A320) est complet. Dans le hall d'enregistrement, j'entends une voix : "monsieur Etchelecou" ? Je me retourne masqué comme il se doit. ... Et voilà que je rencontre là à Figari airport un couple que j'avais rencontré à El Chalten ! Improbable ! Daniel et son épouse sont des voyageurs au long cours arpentant les pays du monde. Photographe remarquable, Daniel a l'oeil et le coup d'oeil pour magnifier tout ce qu'il voit à travers le viseur de l'appareil. Etonnante rencontre !

L'A320 est plein comme un oeuf. Il décolle avec quelques minutes d'avance. Le temps est beau. L'arrivée sur le continent sera un peu plus mouvementée en raison du mauvais temps présent. L'atterrissage à Blagnac se fait néanmoins sans embardée. Le tunnel est arrimé. Les couloirs sont de véritables labyrinthes. On est arrivé avec vingt minutes d'avance sur l'horaire affiché. L'aérogare est sans lumière, aucun magasin n'est ouvert. Impression étonnante d'une aérogare vide ! La sortie est ... très policée. Plus de forces de l'ordre que de manifestants ... sous la pluie ! On sort mais on ne rentre plus. Thomas est venu me chercher. Le 3008 est là au parking P0. Retrouvailles ... Diner excellent préparé par Nadine. Ca y est, je ne suis plus en Sardaigne ...

Dimanche 4 octobre 2020 - Eysus - retour au bercail

Ben ! La neige est tombée ! La belle chaine des Pyrénées est encapuchonnée de blanc ! Apparemment le mauvais temps n'était pas qu'en Sardaigne ... Attention aux radars ... Attention au masque ... Retour aux réalités sans vélo ... 

Un bilan ?

Le tour que j'ai fait m'a fait parcourir la moitié Nord de la Sardaigne. Le départ depuis le Sud de la Corse m'a fait redécouvrir la très belle cité de Bonifacio. La traversée en ferry permet de contempler l'immense panorama du Sud de Bonifacio jusqu'aux iles Lavezzi. J'ai longé la côte Ouest du Nord de la Sardaigne jusqu'à Oristano, traverser en travers vers la côte Est, remonter ce versant Est. Cette courte balade (de l'ordre de 600 km) me laisse un peu sur la faim. La Sardaigne n'a pas les montagnes de Corse même si dans la traversée Ouest-Est pas mal de vallons doivent être franchis avec des pentes parfois supérieures à 12%. Les indications des panneaux (directions, distance) sont assez imprécises et vous conduisent parfois sur des pistes qu'un vélo de route à roues fines aurait du mal à gravir. Les paysages, dans l'ensemble, restent assez uniformes avec un maquis végétal assez généralisé, les seules cultures importantes étant les oliviers et la vigne. Peu d'élevages, principalement des vaches, des brebis - plus rares -, des chevaux, de temps à autre des cochons, des ruches. Les villages traversés sont en général très ramassés - en montagne surtout. Une petite ville de montagne - Orgosolo - reste tout à fait originale par son passé de refuge pour des résistants sociaux dont témoignent les "murales" ces peintures murales qui sont aujourd'hui une vraie attraction touristique. Les points les plus attractifs pour le tourisme restent les cités côtières de Castelsardo, Alghero, Bosa, Oristano à l'Ouest, et de toute la zone littorale de l'Est de la Sardaigne de La Caletta (Olbia) à Santa Teresa Di Gallura. Toute cette côte Est est très prisée des habitués de la mer, et ressemble à ce qu'on peut trouver sur toutes les côtes littorales de Corse ou de Crète par exemple.

Le Covid a vidé la Sardaigne de l'affluence touristique : impressionnante est la quantité de maisons, d'appartements fermés sur les littoraux. Pour le cycliste, un effet bénéfique : une circulation routière en général peu dense surtout dans la traversée Ouest-Est de l'île. Toutefois, Un gros effet négatif pour tous ceux qui voudraient aller pédaler : l'insécurité liée à l'aménagement de kilomètres continus de ridelles métalliques sur les routes relativement étroites, sans bas-côtés. Le nombre de bouquets de fleurs accrochés aux ridelles témoignent de la dangerosité de cet aménagement routier conçu par des personnes qui n'ont dû jamais prendre un vélo. 

La Sardaigne accueille néanmoins de la plus belle des façons ! 

 

Photo du jour

24/02/24

 Un sous-marin dans la baie de Puerto Montt devant les fumerolles du volcan Chaiten