Amérique du Sud

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Bolivie 2010 - 2

Lundi 17 Mai 2010 : Ce matin, grand jour, la traversée tant attendue du salar d'Uyuni, un immense lac de sel d'environ 80 à 100 km de diamètre à près de 4000 m d'altitude. Ca commence plutôt mal. Il était convenu avec la tenancière de la pension où je loge que je prendrai le petit-déjeuner à 7h. A 7h, mon matériel est prêt, les sacoches sont sur le vélo, tout est noir, tout est fermé au ... cadenas. Je tape fort. Un monsieur arrive, m'ouvre les portes, mais le desayuno est à 7h30 pas à 7h. Je lui explique que Madame m'avait affirmé que ... que j'ai muchos km à faire, rien n'y fait. Alors ... Adios ! Je suis parti l'estomac vide. J'emprunte une piste qui ressemble au début à une piste pour dépôt d'ordures ménagères, mais ... bientôt, la fiesta commence. On enfile une série de plats avec de très belles courbes épousant le relief. On arrive même à une piste tellement belle, avec un mélange de sable et de sel, que c'est vraiment un billard, et rouler est un vrai bonheur. Mais il faut aussi parfois descendre de vélo et pousser dans le sable. Le seul hic est que les rafales de vent sont toujours présentes mais soufflent pour le moment dans le bon sens. On longe par l'Est le volcan Tunupa qui culmine à un peu plus de 5000 m, que nous avions grimpé il y a quelques années avec Dominique. On fait ainsi une trentaine de km pour arriver ... à l'entrée du Salar ! Combien de fois n'ai-je pas rêver d'être là ! Je suis seul, les nuages sont encore là, le vent est encore là. Je sors le GPS qui va me permettre de pointer l'hôtel de sel situé à environ 80 km droit au sud. L'hésitation est un peu là car n'est-il pas un peu présomptueux de se lancer dans cette traversée de plus de 80 km sur ce désert blanc ! Mais l'hésitation est de courte durée. Tu es là, tu l'as voulu, vas-y. Fais confiance au matériel (le GPS). Et c'est parti ! Je file droit vers la direction que me donne le GPS. De l'eau sur le sel, un peu d'abord, un peu plus après (de l'ordre de 5 cm). Toujours de l'eau. Je commence à être sérieusement inquiet ... et si c'était comme ça durant les 80 km ! J'apprendrai le soir même chez les gens qui ont accepté que je mette ma tente chez eux, qu'il avait neigé la veille et que cette eau évidemment était principalement liée à cette tombée de neige. Je roule, je joue à cache-cache avec le GPS qui me remet toujours dans le droit chemin lorsque je m'écarte un peu de la direction. Etonnantes les configurations que peut prendre le sel ! Tantôt plat et lisse comme on l'imagine dans les livres, alors on file comme la flèche, rien ne freine, on est entre 25 et 30 km/h même avec mon chargement. Tantôt il est presque comme du sable mou, alors là ... c'est presque la descente aux enfers (et si ca durait ainsi durant les 50 km restant !). Tantôt, il est constitué de séries de piquots très durs, et alors là, pour rouler ... mieux préférer encore la tôle ondulée ! Tantôt, il y a des trous d'eau qu'il vaut mieux éviter évidemment, tantôt des sortes de formes arrondies de quelques mètres de diamètre qui sont autant de bosses qu'il vaut mieux anticiper ... Les kilomètres s'égrènent petit à petit. Chaque type de morphologie saline dure en gros de 4 a 5 km avec des transitions que l'on sent bien sous les pneus. Etonnant de se trouver là avec le Tunupa derrière soi qui devient de plus en plus petit ... Mais j'avance donc ! Sans le GPS, je crois qu'il aurait été inconscient de se lancer dans cette traversée. Car le seul repère un peu objectif est le soleil que l'on a de côté et derrière soi (on est au Sud de l'Equateur) avec l'ombre portée qui peut servir un peu de repère. Puis, lorsqu'on commence à apercevoir le relief Sud derrière le Salar, on peut pointer un peu la direction. Mais quelle sécurité apporte ce petit appareil qui fonctionne avec les satellites présents au-dessus de soi et qui nous permet de savoir très exactement à combien de km se trouve le point visé, à quelle vitesse on roule, et surtout à quel angle roule-t-on par rapport à l'angle auquel il faut rouler. Une flèche indique donc la direction à suivre. Rien de plus simple mais encore faut-il qu'il y ait des batteries avec suffisamment d'énergie pour fonctionner toute la durée du parcours ! J'avais prévu des batteries de rechange que je recharge avec le capteur solaire déplié à l'arrière du vélo, sur les sacoches et la tente. Je me suis arrêté deux fois pour manger un bout et boire un coup. Quel paysage ! Je me photographie avec la tête encagoulée de vert (un vrai bandido !). L'appareil photo a dû avoir peur car après m'être photographié avec la cagoule, il n'a plus voulu fonctionner malgré le changement de batterie. Heureusement, le soir, il fonctionnait à nouveau. Etait-ce le sel ? ... Aucune voiture, aucun vélo ... Curieux ! Je me rapproche de l'hôtel de sel maintenant à moins de 20 km. Une masse noire à ma gauche, loin, qui semble ne pas bouger. Je me déporte au cas où il y aurait une personne en difficulté ou en panne. En fait, c'est un gros cairn placé là probablement comme un phare pour les marins. Au fond, le ciel montre une énorme barre orangée. C'est une tempête de sable dans le Sud Lipez venant probablement aussi du désert de l'Atacama. Cette barre de nuages semble avancer vers le Nord. Je presse les pédales de plus en plus fort. Je vois soudain à me droite un flamant rose venu là peut-être ... pour éviter la tempête. Les hypothèses vont bon train dans ma tête. Je vois ensuite la ville d'Uyuni au fin fond, loin, qui de fait a subi cette violente bourrasque de sable. Arrivé à 8 km du point de repère de l'hôtel de sel, je vois de vieilles traces de voitures qui partent vers la gauche, vers la terre ferme. Je décide de les suivre, mais au bout de quelques km, elles se perdent dans ... l'eau qui redevient très importante sur le Salar. Que faire, revenir, c'est aller à l'hôtel de sel mais qui se trouve à environ une quinzaine de km de la terre. J'opte pour viser au plus droit vers la terre, dans l'eau, compte tenu de ce risque du nuage de sable qui m'inquiète un peu. Je parviens finalement dans un secteur où se fait l'extraction de plaques de sel. Elles sont là, entassées, prêtes à être emportées par camion. Mais ... pas de camion, pas de mineurs. Je finis par voir tout au fond deux voitures qui semblent bouger un peu. Je vise les voitures. Elles partent. Je finis par repérer l'endroit où elles sont passées. Et, comme un beau signe de bienvenue, tout un groupe de flamants roses s'envolent, magnifiques de couleurs, lorsque je finis par pointer l'endroit où je vais ... atterrir. Je suis sur terre, maculé de sel tout comme mon vélo ! Puis, je roule sans trop de difficultés pour parvenir au petit village de Colchani peuplé principalement de mineurs de sel. Je voulais coucher sous tente sur le Salar. Les conditions - météo un peu tempétueuse, eau sur le Salar - m'ont fait renoncer d'autant que mon matelas fuit ! J'ai trouvé asile chez une famille à Colchani, qui a accepté que je plante ma tente ... au milieu d'une sorte de cour des miracles avec de petits adorables morveux, des filles, des garçons, des hommes, des ... chiens (qui m'ont aboyé dans les oreilles toute la nuit ... costauds et coriaces ces petits chiens qui au moindre mouvement dans mon duvet se mettaient à gueuler !). J'ai pu un peu enlever du sel sur mon vélo et surtout sur mes plateaux, sur mes pignons, sur mes freins ... Dodo bien mérité. Formidable journée. Comme on dirait en montagne : grande et belle course ! Une trentaine de km pour accéder au Salar, un peu plus de 80 km sur le Salar, le reste pour atteindre Colchani. La météo est ici aussi un peu bousculée. Aux dires de mes hôtes, la veille il a neigé et ... ils n'avaient pas vu cela depuis au moins 20 ans. Beau et magnifique Salar d'Uyuni ! Puisses-tu rester à l'écart de ces projets d'extraction de lithium que certains envisageraient sur ce joyau mondial de la Nature.

Llica - Colchani 127 km, +200 m -255 m 7h15 - 17h

Mardi 18 Mai 2010 : Réveil un peu frisquet à Colchani. J'ai voulu laver un peu plus le vélo et les sacoches : toute l'eau était glacée. Je pars en direction d'Uyunii assez rapidement après avoir essayé de ne pas trop salir la tente. La "route" est à nouveau un long serpent de trous et de bosses au point que des pistes parallèles ont été tracées par les véhicules qui souffrent eux aussi de la tôle ondulée. De vastes étendues s'ouvrent. Le soleil commence à réchauffer un peu l'ambiance. Les automobilistes sont assez indifférents à la présence de cyclistes en roulant à droite ou à gauche sans se soucier du danger représenté par ce type de conduite. Puis ... deux cyclos chargés comme des mulets arrivent en sens inverse. Ce sont des français qui viennent de la ville d'Uyuni. Echanges sympathiques et poursuite de nos chemins respectifs. Uyuni est en vue. Une assez imposante cité avec le train qui circule à nouveau. Beaucoup de touristes et donc d'agences qui proposent les circuits classiques en 4 x 4. J'ai trouvé un hôtel moyen mais correct : l'hôtel Inca où se trouvent aussi deux autres cyclos suisse et allemand. Ils reviennent du Chili par le Sud Lipez et la traversée du Salar d'Uyuni mais depuis l'île Incahuasi. Leurs informations me sont précieuses pour la suite. Un beau marché permanent permet l'achat des provisions à venir. Compte tenu qu'on peut normalement trouver de l'eau et des possibilités d'hébergement dans plusieurs endroits, je ne prévois que 3 jours maximum de nourriture de survie : des pommes, quelques bananes, des nouilles précuites, une boite de sardine, deux sachets de purée, et ... un douzaine de litres de liquide. J'essaie de manger un maximum entre les visites du blog. Le vélo et les habits ont fait l'objet de quatre nettoyages à l'eau, mais ce sel du Salar est redoutable. Je pense qu'on en verra des traces encore à Eysus !

Colchani - Uyuni 23 km, +50 m -40 m 7h45 - 12h

Mercredi 19 Mai 2010 : La bulle ! sauf que je me suis réveillé comme d'habitude à 5h30. Mais cela fait du bien une journée sans rien faire. Uyuni est assez plaisante (mais ne vaut pas Ururo). Pour moi, aujourd'hui, c'est le bilan à faire pour le matériel, les vivres avant les huit à dix jours sans probablement communication aucune (ni internet ni SMS). Côté matériel, le vélo a été à nouveau un peu bichonné avec un lavage supplémentaire à l'eau pour essayer d'enlever ce coriace sel. Puis, j'ai bien regardé les pignons, les plateaux, la chaîne et mis un peu d'huile fine que j'ai emportée : la chaîne roulait avec un bruit bien plus beau ! Puis, les diverses batteries : pour le GPS, pas de problème, j'avais rechargé avec le capteur solaire ; pour le téléphone, idem mais là, je ne pourrai pas l'utiliser ; pour la frontale, c'est bon ; pour l'appareil photo, j'ai mis le chargeur solaire en route à l'hôtel mais la situation d'éclairement n'était pas très favorable ... je pense que ça ira néanmoins. Et puis ... il a fallu laver un peu. J'ai piqué un peu de poudre et une brosse à l'hôtel, et en avant chaussettes, chemise, tee-shirt, slip, foulard. Et puis aussi les sacoches toutes blanches avec le sel ... Tout est à peu près en état ce soir. Côté nourriture, achat de vivres de survie : bananes, pommes, nouilles, sachets de purée, sardines, saucisses "caoutchouc", biscuits, pain. J'ai fait le plein de liquide avec deux gourdes d'eau de quatre litres chacune, deux litres d'eau supplémentaires, deux litres de coca cola. Je me suis nourri un peu plus avec des restaurants acceptables (au moins comme La Vague à l'UPPA !). Les deux cyclos suisse et allemand m'ont bien montré par où ils étaient passés dans le Sud Lipez. Mais ce n'est pas tout à fait la même "route" que je vais prendre. Le tenancier de l'hôtel m'a également renseigné. Normalement, je devrais trouver de quoi manger et de quoi dormir pour la majorité des journées. Allez, je vous laisse avec ces côtés techniques sans intérêt pour vous. Et je vous dis ... à dans quelques jours, normalement ...

Jeudi 20 Mai 2010 : Le grand départ pour le Sud Lipez, une région aux couleurs exceptionnelles (normalement ...). Chargé comme un ... mulet, je sors d'Uyuni en traversant la voie ferrée qui part en Argentine et au Chili. La route pour San Cristobal, mon village espéré de ce jour, est agréable au début puis devient vite ... infernale avec les trous, la tôle ondulée, bref ... cinq chutes de vélo sans gravité mais épuisantes lorsqu'il faut se relancer avec tous ces kilos. L'avantage que j'aurai toujours est que j'ai tout ou presque avec moi, une véritable maison roulante. Peu de circulation sur cette "route". Il faut toujours juger si l'on emprunte ou non les voies latérales, car à force d'être creusées et sur-creusées, les automobilistes ont carrément ouverts des pistes à droite et à gauche de la "vraie route". Donc passages successifs sur les pistes mais.. il y a plus de sable ! Bref, infernal de sauter comme un cabri durant 80 km. Je parviens tout de même à San Cristobal, un village minier qui a l'avantage d'avoir un marché permanent (Ah! que la sopa était bonne en arrivant avec la fameuse bière bolivienne bi-cervezina), et un hôtel très correct. En plus, le téléphone passe encore ! La mine est aux mains des japonais avec extraction d'or, de plomb, de zinc, d'après ce que j'ai pu apprendre (mais finalement les gens ne savent pas trop (top secret ?)). La soirée fut reposante. Internet existait mais par liaison satellite. Or le débit n"était que de 128 KO ! Inutile de vous dire que je n'ai jamais pu me brancher sur le blog.

Uyuni - San Cristobal 97 km, +240 m -115 m 7h45 - 16h30

Vendredi 21 Mai 2010 : Sérénité ! Ce vendredi, c'est un peu un bonheur paysager qui s'annonce. Tout est calme ce matin. Pas de vent (ouf !), un lever de soleil extraordinaire, rasant, qui fait découvrir des reliefs à ras de terre que l'on ne voit pas à une autre heure, avec des ombres d'une longueur infinie. Rouler enfin sur une tôle ondulée qui s'est assagie un peu. La tôle ondulée apaisée : quel miracle, la nuit l'a probablement détendue même si de temps à autre la tôle ondulée a repris un peu de sa nature. La matinée est extrêmement calme, pas de circulation, pas de bruit ... Une piste d'avion, tiens ! ... c'est probablement pour les cadres de la mine d'or, de zinc, de plomb ... les cadres japonais. Des troupeaux de lamas ... les km passent lentement, agréablement devant un décor de volcans, magnifique, dominé par le volcan Ollague qui, cette année, ne fume pas. Alota se montre, ce pueblo petit mais qui est en réalité un centre important pour au moins les élèves car il y a un collège avec une cinquantaine d'enfants ! Je ne sais par où entrer dans ce village un peu ensablé mais construit comme tous les autres avec des rues délimitant des quadras. Je tombe sur le collège pensant à un hospedaje. Un jeune professeur de mathématiques m'indique un hospedaje, un quadra plus loin. Il est aux environs de midi. Je n'ai plus envie d'aller au-delà aujourd'hui. L'accueil est plutôt frais de la part de la tenancière. Tant pis, je reste sur les impressions magiques de la matinée. Je passerai l'après-midi à déambuler dans ce village un peu fantôme mais avec ... plein d'enfants partout.

San Cristobal - Alota 61 km, +315 m, -240 m, 7h - 12h

Samedi 22 Mai 2010 : Le temps change ! Dans la nuit, le vent a repris, les nuages sont revenus. Le ciel s'est un peu bouché. Je pars pour une rude ascension sans ... déjeuner (la tenanciere n'a pas voulu ...). La sortie d'Alota se fait assez vite sur une piste de sable. Je tourne plein Sud après un pont, et rapidement je trouve de très beaux plans d'eau mais ... qu'il faut traverser ! Et là ... il faut y aller : de l'eau jusqu'aux genoux. Par deux fois, je franchis ces gués un peu costauds ! Après, la piste devient de plus en plus délicate : sable, tôle ondulée ... réveillée aujourd'hui, ornières profondes et ... pente de plus en plus raide. Le vent devient un peu dur à contrer car, évidemment, il vient en plein dans le nez ! La montée se pratique néanmoins avec, de temps à autre, la mise à terre du bonhomme qui est obligé de pousser sa maison roulante en marchant, et le sable et la pente devenant impossibles à passer sur la selle. Le temps n'est pas franchement beau avec les nuages qui s'amoncellent et ... le vent, ce fichu vent qui souffle en plus en rafales ! Je finis par arriver à Villamar, ce village où un petit avion s'est planté il y a quelques années (Dominique reconnaitra je pense ce village où nous étions passés). Il est aux environs de midi. Premier contact : Se puede comer un poco ? Pas moyen d'avoir une soupe ! Je finis par tomber sur un hospedaje. Là encore, je demande s'il y a possibilité de manger un bout car je commence à avoir l'estomac dans les talons sans petit déjeuner. Première réponse négative. Devant mon insistance (je demande du ... "pain"), je suis invité à entrer dans la cuisine et ... oh! miracle, je peux manger un peu (voir mon texte à la fin de ce billet du jour). Je veux repartir car je sens que le temps devient de plus en plus difficile avec un vent de plus en plus énorme et ... je voudrais avancer un peu plus pour camper quelque part afin de joindre la laguna Colorada demain. Je repars vers une heure de l'après-midi. La piste est de plus en plus difficile. Le vent me fout par terre plusieurs fois ! Je fais très très difficilement une quinzaine de km, souvent à pied en poussant le vélo, autrement en roulant péniblement à 5 km/h. Ca monte tout de même ... Je suis à 4300 m. Je voudrais arriver à 4600 m pour essayer de coucher à la laguna Colpina. Après une énième chute due aux rafales de vent, vers 15h, je me pause et je fais le point. Le temps est de plus en plus violent, je ne dois pas chuter autant car je dépense une trop grande énergie à récupérer les soixante kg du vélo et à me relancer. Je me suis toujours dit que je ne devais pas dépasser les 70% de dépenses énergétiques pour conserver une lucidité pour prendre les décisions et anticiper. Là, je suis en train de dépasser ces 70%. Il est 15h. Soit je campe là, mais avec un temps à la fois de plus en plus mauvais et surtout avec ces rafales de vent infernales qui ajoutent évidemment à la difficulté même de la piste (vous verrez en photo sur quoi on "roule"), soit je reviens à Villamar (j'ai encore le temps avant la nuit), et devant le mauvais temps qui s'aggrave, je cherche un véhicule pour aller jusqu'à la frontière chilienne demain. Je prends la seconde décision. Difficilement, je reviens à Villamar, le plus souvent en étant obligé de pousser le vélo à pied (ce ... vent ! qui semble m'aimer beaucoup aujourd'hui !). J'arrive vers 17h au village. Exténué, je trouve un groupe qui m'a doublé en voiture, avec des français et un chauffeur bolivien qui comprend très vite la situation et qui me dit que le temps va s'aggraver ! Il m'offre un café chaud et me dit qu'un collègue doit arriver ce soir avec un 4 x 4, qu'il pourra probablement me prendre demain matin de bonne heure pour la frontière chilienne ... La providence ? Je n'hésite pas sur sa proposition. Bien m'en a pris car non seulement le vent a encore forci, mais la neige est tombée dans la nuit. J'ai passé une soirée très agréable avec le groupe qui comprenait deux françaises et un chinois parlant remarquablement le francais (bientòt, ils nous mangeront tout crus ces chinois d'exception qui parlent couramment 4 à 5 langues et qui ont une solide formation technique et qui ... veulent faire du commerce avec le ... monde entier !), le tout accompagné d'une bouteille d'excellent vin chilien fort ... apprécié par moi après cette rude journée ! Un groupe de jeunes écoliers du village avec leur professeur est venu nous jouer un peu de musique bolivienne ... Demain, départ à 5h pour la frontière chilienne.

Deux visages de la Bolivie en 24h ...

A Alota en arrivant vers midi, je demande à manger. La tenancière de l'hospedaje me dit que ce n'est pas possible car elle recoit un groupe. Je sollicite alors deux oeufs au plat : refus. A la fin du déjeuner du groupe, il y a des restes. Je pique dans les restes sur la table un bout de pomme de terre et une rondelle de tomate. Voyant cela, la tenancière retire les plats. Le lendemain matin, alors qu'il était convenu avec elle que j'aurai un petit déjeuner à 7h30 car à 7h il "faisait trop froid" (sic), j'ai dû partir sans petit déjeuner, sans explication de sa part.

A Villamar, alors que je demandais du pain, la tenancière de l'hospedaje m'a donné un plat complet avec riz, papas et viande de lama, et ... ce fut "gratis".

Allez à Villamar plutòt qu'à Alota ...

Alota - Villamar 83 km, +800 m -615 m 7h - 17h

Dimanche 23 Mai 2010 : ... 4h30, il fallait être prêt pour charger. Le vélo est monté sur le toit du 4 x 4 Toyota avec beaucoup d'inquiétude car les chaos ... Le voyage de 5h de piste a pu se faire sans ennui pour le vélo, le montage du chauffeur pour éviter qu'il s'abime ayant été remarquable. La voiture est remplie. On part à 5h dans la nuit prendre la piste que j'avais remontée hier en m'en voyant comme un fou ! le 4 x 4 lui est passé sans ... presque sentir la tôle ondulée (dur pour les cyclistes !) : impressionnante la qualité de ces véhicules ! Un confort qui donne la sensation de survoler la piste ! La laguna Colorada est grise, méconnaissable aujourd'hui. La piste devient de plus en plus terrible car non seulement il y a un vent à décorner les boeufs ... de face - on l'entend plus qu'on ne le sent en ... voiture - mais encore la neige est tombée cette nuit. Pour atteindre la laguna Verde, on est obligé de passer à environ 4900 m et là ... la neige en rafales ... juste ! même pour le Toy. La laguna Verde est ... tout aussi grise, le volcan Licancabur qu'on avait gravi avec Dominique, est coincé dans les nuages. La laguna Blanca est atteinte vers 9h. La frontière chilienne n'est pas loin. Beaucoup de monde au poste de douane mais ce sont des personnes venant du Chili qui s'interrogent sur la suite du passage en Bolivie ... Le chauffeur de notre véhicule nous offre un petit déjeuner "gratis". Le douanier bolivien met son tampon de sortie sur mon passeport. Le vélo est remonté. Le 4 x 4 repart. Je me retrouve seul, la tempête derrière moi. Plus que quelques km à grimper pour atteindre les 4750 m qui me permettront de basculer dans la descente vers San Pedro de Atacama, un havre pour moi que j'atteindrai après 50 km de descente avec ... le soleil et surtout ... pas de vent, sauf une brève bourrasque de sable ! La partie Bolivienne est finie. Vive le Chili ... qui m'a refusé de passer les pommes chiliennes que j'avais achetées en Bolivie !

Villamar - douane chilienne 4x4 150 km, Vélo douane chilienne - San Pedro de Atacama 70 km

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(suite de Pérou 2010 - 2)

Bolivie 2010 - 1
Lundi 10 mai 2010 : Aujourd'hui on bâche ! Non, il ne pleut pas mais ... je ne vous l'avais pas dit mais le soleil lorsqu'il cogne surtout en altitude ... ça fait des cloques ! Et oui, j'ai eu le bras gauche et la jambe gauche ... cloqués c'est-à-dire brulés au premier degré. Puis ca pèle. Mais après avoir pelé ça recommence, alors ... il faut bâcher : se couvrir les bras et les jambes. La chemise Millet (toujours super) et le pantalon de montagne ... Millet. Donc, je suis parti ce matin de Desaguadero, la frontière Bolivie-Pérou, après avoir rencontré des Bretons et après les formalités douanières. Désormais, ce n'est plus 7h mais 6h de décalage avec la France. Beaucoup de queue à la douane. A 9h30, j'enfourche le vélo pour de bon. De la piste d'abord, puis une superbe route goudronnée, surtout assez tranquille. Longer le bord du petit lac Titicaca à cette heure-là est de toute beauté. Mais la suite sera encore plus splendide. On passe devant les ruines de Tiwanaku (Dominique se rappellera tout ça lorsque nous étions venus là) avec des assemblages de pierre "inca" et une très savante orientation des murs. J'ai croisé un espagnol de Santander qui fait lui, à vélo, un tour par Copacabana pour revenir ensuite à Rio de Janeiro. Mais le clou sera la montée a un "col" (on ne dit pas ce mot ici) d'où l'on a un panorama fan-tas-tique car on voit tous les très beaux sommets habillés de blanc sur une centaine de km de long de la cordillère avec, bien sûr, du nord au sud, les Condoriri, le Huayna Potosi, d'autres dont j'ignore le nom, et enfin plus au sud la belle crête dentelée des Illimani. C'est prodigieux avec un éclairage puissant du soleil. Cela dure une trentaine de km. Puis, et là c'est un peu moins gai, on entre durant des dizaines de km dans une ligne droite qui n'en finit pas et qui mène à El Alto, la ville aéroport de La Paz, tout cela toujours à 4000 m d'altitude. On longe durant tous ces km une sorte de no man's land avec des constructions jamais terminées en briques. Enfin, El Alto, la ville avec les grouillements habituels de ces faubourgs de capitale où normalement je dois trouver une bifurcation pour la direction d'Oruro sans descendre dans la capitale La Paz. Je finis par trouver un hôtel - un vrai pour une fois avec un bon confort mais ... pas de glace du tout ni dans la chambre ni dans la salle de bain ! Le change est de 8 bolivianos pour 1 euro. Je suis dans un 3 étoiles pour 12 euros avec le petit-déjeuner ... et la douche est chaude ! Demain je file comme prévu vers la lointaine Oruro dans quelques jours.

Desaguadero - El Alto La Paz 105 km, +575 m -320 m 9h30 - 16h

Mardi 11 mai 2010 : Réveil trop tôt ! J'avais oublié qu'il y a une heure de décalage avec le Pérou. Total, j'ai attendu le lever du jour pendant trois quarts d'heure. La sortie de La Paz-El Alto ... pire que celles de Lima et Cusco ! Cela dure une vingtaine de km sur une route, goudronnée certes, mais défoncée de toute part avec même tout simplement des regards dont il manque le couvercle ... Il faut avoir les yeux partout ! Ce matin il a fait froid comme jamais. Non seulement ,j'ai "tout bâché" mais au bout d'un moment, ne sentant plus les doigts, j'ai sorti les surmoufles que m'avaient offerts pour la fête des pères Laure et Thomas. La route est toujours à 4000 m d'altitude avec d'interminables lignes droites et ... la pampa, aux ondulations qui font tout de même passer le petit plateau de temps à autre. Beaucoup, beaucoup de choses sur la route dont pas mal de chiens écrasés, des morceaux de pneus qu'on ne peut plus compter, des boulons de roues de camions, des rétroviseurs éclatés, et même ... une chaussure ! C'est la pampa avec ce ruban de goudron qui file vers le sud, presque interminable. La culture du blé et de la pomme de terre est toujours là, mais cette fois-ci avec quelques tracteurs dont des Fiat. Je me suis fait jeter lorsque je me suis arrêté pour prendre en photo une dame et ses brebis (disculpe !). Vers midi, j'avais envie de quelque chose. Je suis tombé sur un restaurant dont le patron est musicien et est resté plusieurs années à Bordeaux dans un orchestre bolivien. Et ... il a fallu que je chante la Marseillaise avec lui !! Si, Si ! Car, autrement, je n'avais pas la soupe ... excellente, accompagnée d'une excellente bière bolivienne au malt que m'a presque imposée sa femme car cela faisait "fortifiant". C'est vrai qu'elle était bonne cette belle brune. Puis, je suis finalement arrivé dans un village de "routiers", Patacamaya, avec une rue centrale principale et pas mal de boutiques. Un seul "hôtel" mais là encore ... je me suis fait fermer la porte au nez car il était "plein". Il faut dire que j'avais réveillé la brave dame qui faisait la sieste. Finalement, j'ai trouvé refuge dans une sorte de maison d'accueil pour sportifs avec une chambre noire et une douche chaude mais sans possibilité d'avoir une serviette. Bien sûr, j'en ai une mais bonjour le séchage si je l'utilise. La douche attendra demain avec l'arrivée, je l'espère à Oruro, où là, suivant les conseils de Dominique, je resterai un jour de plus sans pédaler.

El Alto La Paz - Patacamaya 99 km, +390 m -610 m 7h - 15h

Mercredi 12 mai 2010 : Confiance ! Lorsque je suis sorti de ma chambre noire, la tenancière m'a fait remonter pour vérifier que tout était en ordre (autrement dit pour vérifier que je n'avais rien piqué) ! Très beau lever du jour, un peu moins froid que le matin précédent. Petit déjeuner vite fait avec un café et un peu de pain. A côté (on est dehors bien sûr!) je vois toute une rangée de femmes contre un mur, accroupies et essayant de trouver un peu de chaleur dans leurs multiples couches de vêtements ! Sûr qu'elles ont passé la nuit là ! ... Et ... c'est parti ! Car je voudrais être à Oruro ce soir, un très gros pueblo où je pourrai trouver un très bon hôtel et rester deux nuits. Mais il faut y arriver ! Toujours la pampa et sa bande noire de bitume qu'il faut remonter. Ce n'est pas très différent de la veille sauf ... une manif ! mais oui en pleine campagne désertique (mais d'où viennent les gens ?). Ils étaient environ deux cents à manifester avec une superbe banderole en tête au sujet apparemment de pertes de revenus. Et, cela, avec une voiture de police devant et une autre derrière. Ils défilaient ... dans la pampa sans public. Mais ils étaient bien organisés car le soir à la télé, sur la chaine publique, la manif est passée avec des images ... pour un peu on m'aurait vu en les croisant avec mon vélo ! La veille, à la télé, j'avais vu qu'il y avait aussi un conflit sérieux, avec des barrages routiers (c'est la règle ici je crois les manifs et les barrages de routes avec lancers de pierres). Mais, à la télé, on voyait aussi des armes chez les manifestants. Puis,j'ai continué sur cette très belle route, un peu monotone certes mais avec assez peu de roulage. Les premiers sommets à 5000 m font leur apparition. Et puis, je n'étais pas seul : une coccinelle m'a accompagné durant une bonne cinquantaine de km en restant posée sur ma sacoche de guidon. Vers 13h, la fringale ! Je m'arrête manger une soupe et boire ... une excellente bière bolivienne au malt et sans alcool (ce n'était pas la même qu'hier). Puis les 30 derniers km ... Ah! la ligne droite qui n'en finit pas jusqu'à ... Oruro, avec les premières traces de sel dans les champs et ... une vigogne qui m'a fait coucou quand je suis passé (ça a un petit cri qui correspondrait plus à un petit animal qu'à un animal de cette taille). Mais oui, ca y est, c'est gagné : un peu plus de 130 bornes à 4000 m. Oruro a beaucoup changé avec d'énormes (et assez belles) sculptures en métal honorant le travail de la mine. Ville très vivante (mais toujours trop de voitures dans le centre). J'ai pris un très bel hôtel **** pour deux nuits près de la Parque de la Union (Plaza de Armas). Finalement, cette Plaza de Armas qu'on trouve dans toutes les villes est bien pratique pour le voyageur qui veut trouver le centre-ville. En France, cet hôtel serait luxueux mais ici petit-déjeuner compris on s'en sort pour 25 euros la nuit. Le Salar d'Uyuni n'est plus qu'à quelques 350 km ... mais je crois que maintenant ce sera de la piste ... et là, c'est une tout autre affaire ... je ne ferai pas 100 km par jour !

Patacamaya- Oruro 132 km, +445 m -490 m 7h - 16h

Jeudi 13 mai 2010 : La petite fille qui donne à manger aux pigeons, photo combien de fois vue. Ici, à Oruro, on peut en faire toutes les cinq minutes ! Un très beau jardin public occupe l'espace de la place de l'Union. Il grouille de monde mais, pour la première fois depuis mon entrée en Bolivie, j'ai vu des gens sourire, calmes, courtois ... enfin une ville comme on aimerait en voir beaucoup ! En regardant passer le temps sur un des bancs près de la très belle sculpture centrale entourée de lions et de chiens sur lesquels grimpent les petits, on se prend à regarder et à deviner ce qui peut bien se cacher derrière l'apparence d'une personne qui passe selon sa façon d'être habillée, selon sa démarche, selon le regard qu'elle donne. Puis il y a quand même les gens pressés qui ont un faciès très sérieux, les hommes avec une sacoche de congrès en bandoulière, les femmes avec un visage neutre, sévère et lointain, habillées de façon stricte ... Oruro est une ville très agréable, même aux dires de quelques personnes avec qui j'ai pu engager un brin de conversation. Beaucoup de vendeurs ambulants, beaucoup de petits groupes qui discutent ... et une manif ! Mais oui, apparemment c'est un lot quotidien dans le pays. Mais une manif gigantesque de plusieurs milliers de personnes précédées de policiers inquiets, mais qui a fait son bout de chemin dans la ville et autour de cette place de l'Union. Apparemment, c'est un problème de coût du transport qui les réunissait. Oruro a bien changé depuis que j'étais venu là il y a quelques années avec Allibert pour gravir quelques volcans, découvrir le Salar d'Uyuni et le Sud Lipez.

Vendredi 14 mai 2010 : Réveil tardif car le petit déjeuner est à 7h30. Puis, départ selon l'itinéraire de sortie de ville que j'avais bien mémorisé la veille. Très vite, je tombe sur un panneau : pas plus de 35 km/h car il y a une caserne. Faut pas réveiller le soldat ! Puis la route serpente toujours aux environs de 3900-4000 m avec un revêtement de plus en plus bosselé mais ... une route aussi beaucoup plus calme que les jours précédents. On a l'impression de remonter une grande et large vallée bordée de sommets : très agréable. Trois vigognes traversent la route et se laissent photographier. Une gare avec des wagons silencieux au pied d'un village minier Poopo. Puis, un vrai train ! avec des wagons de voyageurs. Ce doit être très agréable de voyager ainsi car le train roule à très faible allure. En point de mire, un ... vélo monté par un Aymara avec, attachée sur le cadre, une faucheuse à essence de marque "écho". J'avais strictement la même. Il n'en faut pas plus pour engager la conversation tout en pédalant. Cet homme vient de faire 20 km aller pour faucher un champ. Il a 30 vaches dont il tire du fromage qu'il vend à Oruro, et 80 brebis. A l'heure du casse-croute, on prend ensemble une sopa à Pazna. Il m'affirme que Challapata est à seulement 20 km. En fait, il y en a le double avec ... une superbe averse en prime ! Je voyais le mauvais temps arriver par l'Ouest mais me disais que ça allait se calmer. On est tout près du Salar de Coipaxa et déjà, de part et d'autre de la route, beaucoup de sel dans les champs ! Je pédale fort pour essayer de gagner de vitesse le vent et la pluie. Mais ... toujours pas de Challapata en vue. Le vent forcit, donc il ne devrait pas pleuvoir !... Tout faux ! Vite le poncho. Le vent et la pluie redoublent mais ... Challapata finit par se montrer. Je trouve une chambre un peu sordide (mais au moins je serai à l'abri) sans eau et les banos dans un état !... Je la prends quand même juste pour une nuit. Internet est là aussi mais, alors que j'avais rédigé à peu près tout le texte, ... coupure d'électricité ! Tout est à refaire : on m'a dit que c'était la tormenta ! Challapata n'est pas très agréable, mais, bon, ça fera bien pour une nuit comme disent les alpins. La suite, demain, est un vrai point d'interrogation car le mauvais temps est bien là. Mais, après le mauvais temps, il y a toujours le ....

Oruro - Challapata 123 km, +315 m -305 m 8h - 15h

Samedi 15 mai 2010 : Nuit dans une chambre noire ... mais pour dormir c'est bon sauf la sempiternelle musique qui dure très très tard ! Pas de petit déjeuner, la tenancière n'est pas réveillée. Alors, je pars avec un vent de face mais avec une route asphaltée durant une trentaine de km. Puis, il ne faut pas se tromper de direction. C'est à droite, une piste ... et quelle piste ! De la tôle ondulée sur ... 70 km ! On passe de bosse en bosse tous les 50 cm : sympa au début mais très vite cela devient une vraie galère. Ce sont les 4 x 4 et les camions qui font ces creux et ces bosses avec les roues dont les amortisseurs sont fatigués. Les roues rebondissent et ... cela fait des pistes vite impossibles à utiliser. Pourtant, c'est la seule voie pour moi. Bizarre, pas une voiture (un camion dans l'après-midi) dans mon sens. En revanche, toute une série de voitures neuves avec des numéros écrits à la main sur les pares-brises se sont succédées en convois de cinq a dix, dans l'autre sens. Elles ne pouvaient venir que du Chili sur cette piste qui prend dans l'Atacama et qui contourne le Salar d'Uyuni. Contrebande ? ... Une voiture arrêtée sur le bas-côté ... un pneu déchiqueté. Le bon samaritain s'arrête. Une dame seule s'efforce avec les mains et les pieds de dévisser la roue... en vain. Alors, Zorro arrive et fait le nécessaire. La roue est changée ... mais je dis à la dame de rouler doucement sur cette piste infernale. Le temps devient inquiétant. Les nuages, le vent, quelques grains de pluie, le poncho sort mais finit par faire peur à la pluie. Cahin-caha, je finis par arriver dans le petit village de Tambo Tambia. Peu de monde. Mais, un peu à l'écart, je vois trois personnes qui égrainent une sorte de blé avec une machine qu'on utilisait autrefois en France, un ventilateur actionné à la main qui permet de séparer les graines de la tige (je crois que c'est un ventoir). Je leur demande si je peux planter ma tente sur la place. Finalement, on me propose un petit réduit avec à l'intérieur ... un matelas par terre et ... un très beau mouton pendu et ... sa pelisse qui sèche ! Le réchaud à essence est allumé pour faire cuire des sortes de pâtes avec un parfum qui ressemble au viandox. Bôf, quand on a faim ! Le temps n'est pas bon du tout ! ... Il fera jour jour demain !

Challapata - Tambo Tambia 104 km, +410 m -220 m 7h30 - 17h

Dimanche 16 mai 2010 : Ce matin, pas beau mais pas beau du tout. Toute la nuit, une violente tempête de vent a sévi. J'ai été réveillé à 5h car le petit réduit où je suis, est en réalité le téléphone public ! Les préparatifs sont vite faits car je ne dois pas trop réfléchir pour partir, un habitant des lieux me confirmant que la journée allait être très mauvaise, avec pluie et vent. Je pars donc avec beaucoup de nuages au-dessus de la tête et ... beaucoup de vent ... et beaucoup de tôle ondulée encore. La chance sourit aux audacieux dit-on, et bien le dicton s'est vérifié. Il n'a pas plu (grâce au vent) mais je suis arrivé fatigué de ces km de tôle ondulée où le dos en prend plein les vertèbres ... et le pauvre vélo aussi. Je suis arrivé à Llica, une espèce de village-fantôme, au bout du monde (on n'est qu'a 30 km du Salar d'Uyuni), assez important car la place centrale a un immeuble affiché comme sous-préfecture. Sur cette place, une pension ... il n'en faut pas plus pour m'arrêter : casse-croute. En fait, la nourriture était tellement bonne, le bonhomme était tellement épuisé par la tôle ondulée, le temps était si incertain que j'ai décidé de m'arrêter passer la nuit là. En réalité, la pension est un peu comme tous les hospedajes et petits hôtels que j'ai trouvés en Bolivie : une salle commune de restauration (où tout le monde reste couvert avec casquette jusqu'aux oreilles, bonnet enfoncé jusqu'au nez, tenue vestimentaire traditionnelle avec forces épaisseurs de vêtements), télévision, vente de produits divers, puis des chambres à la limite ... avec des toilettes communes plutôt sales, une douche électrique commune qui ne chauffe pas ou très peu avec débit limité, des portes de chambre qui ne ferment que très mal (ici, la spécialité est de n'avoir aucune serrure dans aucune des portes, la patronne se promenant avec toute une suite de cadenas). Tout se ferme avec un cadenas. Mais, l'important n'est-il pas de pouvoir dormir à l'abri ? Heureusement que je suis resté là ! Car c'est à une véritable tempête de vent à laquelle on a eu droit tout l'après-midi et toute la nuit. J'apprendrai demain soir qu'il a neigé toute la nuit sur le Salar. Demain pourtant, le Salar d'Uyuni doit être franchi ! ...

Tambo Tambia - Llica 48 km, +240 m -225 m 7h30 - 13h

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Lundi 24 Mai 2010 : San Pedro de Atacama, ça requinque ! Très agréable petite ville d'altitude au climat vraiment exceptionnel. Jugez plutôt : il fait beau avec un ciel bleu toute l'année ! Le paysage est splendide avec les volcans enneigés à 6000 m. On y trouve ... beaucoup de français dont un restaurateur d'origine toulousaine chez qui je vais manger le soir. Inconvénient de San Pedro : c'est plus cher que n'importe où ailleurs au Chili. J'ai pu trouver une chambre très calme avec douche chaude, et ... très propre. Du coup, j'ai réservé quatre nuits pour 5000 pesos la nuit, soit 8-9 euros. L'avantage est que je peux aussi faire sécher du linge, mettre toute la journée le capteur solaire en fonctionnement (pour les photos ... ca use !), tout cela grâce à une cour intérieure ensoleillée toute la journée. Tout ce qu'on me proposait était à 20000 pesos la nuit ! Ils profitent en fait de l'engouement des toutous pour ce futur Saint-Trop du Chili. Allez-y vite car ça devient déjà le repaire de pas mal de bobos français. ... Après les secousses boliviennes, San Pedro est un hâââvre de calme et de repos !

Mardi 25 Mai 2010 : Un petit tour de ... vélo. Ce matin, je suis parti pour le Salar d'Atacama, et plus particulièrement le lago de Ceja. J'avais vu sur Google Earth de très belles photos de ce site. Pour y arriver, de l'asphalte sur 20 km puis une piste en ... tôle ondulée et sable mou (une douzaine de km) ! Tous les sites sont payants ici mais je suis arrivé plus tôt que le gardien, donc j'ai des sous pour un gâteau et une bière ! En réalité, le lago de Ceja n'a pas de couleurs exceptionnelles, même avec un soleil rasant comme c'était le cas ce matin. Quelques canards, beaucoup de sel bien entendu, ... bôf ... mieux vaut presque voir les photos dans Google Earth. Aussi, après avoir refait la piste à l'envers, je suis allé voir le pueblo suivant : Toconao, situé à une vingtaine de km. ... Pire que tout ! Un village quasiment mort. J'ai cherché en vain un endroit pour boire un coup ou avaler une petite soupe. Le seul bâtiment qui ressemblait à une gargotte était en réalité la caserne des carabineros. Je me suis approché pour avoir una cerveza ... pero... je me suis vite repris à la vue des uniformes. Du coup, j'ai pelé une pomme devant la caserne et ... directo San Pedro où je suis arrivé vers 14h30 pour ensuite une bonne douche. Le temps est vraiment radieux ...

San Pedro de Atacama - lago de Ceja - Toconao - San Pedro de Atacama 124 km, 7h30 - 14h30, +150m -120m

Mercredi 26 Mai 2010 : Les matins sont assez froids à San Pedro comme vous le voyez avec la température affichée par Thomas sur le blog. Mais c'est aussi le gage du beau temps ... éternel ! Combien rêveraient d'avoir du soleil toute l'année sans être privé ... d'eau (et du reste .... ). Ce matin, direction la vallée de la Lune : joli nom, non ? Je suis parti aux aurores pris en charge par six chiens qui ... m'ont adopté et qui m'ont sécurisé pendant au moins 5 km. Toutes les voitures qui passaient étaient prises en chasse par les six chiens qui revenaient ensuite m'encadrer. Sachez-le, à San Pedro, ce sont les chiens qui assurent la sécurite des personnes ! C'était très mignon en fait ! La vallée de la Lune, c'était l'objectif ce matin, une cinquantaine de km aller-retour, goudron puis piste mais très très beau. Surtout que, vu l'heure, j'étais seul avec le soleil qui se levait. Le relief très tranché par le travail du vent et de la pluie (autrefois ?) est tout à fait surprenant sauf pour ceux qui connaissent un peu les Bardenas par exemple dans les Pyrénées espagnoles. C'est ... minéral ... pas le moindre oiseau qui vive, pas la moindre herbe verte. En revanche, des roches sédimentaires travaillées par le sel, du sable, beaucoup de sable, de grands plaques comme bétonnées par le sel ... Il manquait Michel Clin à mes côtés pour identifier tout ce fabuleux paysage sculpté par les ans. J'ai dû payer 1000 pesos au retour (1 euro et demi) lorsque les gardes ont pris le boulot (à 10h). En fond, toujours le panorama un peu magique de ces volcans frontaliers avec la Bolivie et avec l'Argentine dont le volcan Lascar qui a, paraît-il, un cratère encore en activité. San Pedro, c'est fini ce soir ... Un peu de regret tout de même devant ce lieu assez étonnant par bien des aspects.

San Pedro de Atacama - vallée de la Lune 65 km, 7h30 - 12h30, +220 -210m

Jeudi 27 mai 2010 : "Llanos de patiencia" ... Oh! que oui il m'en a fallu de la persévérance aujourd'hui. Parti normalement à 7h30 de San Pedro, je suis arrivé épuisé à 17h30, après avoir fait une centaine de km ... mais quels km ! Ce n'était pas la Bolivie avec la tôle ondulée mais j'ai commis une faute pour n'avoir pas prévu suffisamment à manger. Depuis ce matin, je n'ai avalé que trois bananes et une pomme. Or, j'ai eu droit à nouveau à un vent en pleine figure sur la totalité du parcours. Pendant les 50 premiers km, cela monte toujours ... à 6 km/h. La route passe tout le temps dans ces espaces (llanos) qui sont des immenses plateaux désertiques dont on ne voit jamais la fin (llanos de patiencia !). Le vent prend un malin plaisir à tourner tantôt à gauche tantôt à droite, mais jamais ... derrière ! Le paysage serait beau ... comme un désert ... mais il est complètement envahi par tout un tas de détritus durant 100 km ... et quand on arrive près de Calama (une ville de plus de 200 000 habitants), c'est horrible car la décharge des ordures de la ville se trouve à l'entrée avec un vent permanent qui arrose de détritus tous les alentours bien au-delà de la décharge. Le Chili n'est pas exemplaire sur ce plan, loin s'en faut ! J'ai mouliné comme un malade, le nez dans le bonnet et le bonnet dans le guidon ! J'ai trop dépensé d'énergie. Même dans les "descentes", j'étais en train de pousser au maximum à 10 km/h. Je m'en suis rendu compte en arrivant : j'étais en hypoglycémie. Vite, quelques biscuits, du coca ... Et dire qu'un camion s'est arrêté à quelque 20 km de Calama pour me proposer d'embarquer ! J'ai refusé pensant que ce foutu vent de face allait se calmer. Idiot que j'ai été ! Sûr que la prochaine fois je monterai dans le camion ! Je commence à en avoir plein le ... nez de ce foutu vent qui semble prendre un malin plaisir à m'asticoter les naseaux. Je comprends mieux maintenant toutes les remarques des cyclos sur le vent d'Amérique du Sud. En arrivant à Calama, j'entends "vous êtes francais ?". Le monsieur connaissait la marque Rando-cycle ! Fort ! Car c'est une marque connue des seuls spécialistes du vélo ... J'ai trouvé une chambre à 8 000 pesos, un peu cher probablement mais j'étais trop fatigué pour chercher. Etape à ... oublier car sans intérêt, sinon pour tester son ... endurance !

San Pedro de Atacama - Calama 112 km, 7h30 - 17h30, +1120 -1250m

Vendredi 28 mai 2010 : Chuquicamata, la mine de cuivre la plus importante du monde ! Pour y arriver depuis Calama, une belle rampe à deux fois deux voies séparées a été construite il y a vingt ans. Elle est à une vingtaine de km. Le matin pour l'embauche, c'est un balai ininterrompu de 4 x 4 pick up. Impressionnant, le mot n'est pas trop fort pour qualifier ce qui devrait faire la plus grosse ressource du Chili (l'exploitation étant, d'après ce que l'on m'a dit, aux mains des chiliens). Arrivé sur site, on peut voir la montagne totalement tranformée par les décombres miniers qui font des jupes muticolores aux versants sur ... des km ! Tout dans Chuquicamata est organisé dans et pour la mine. On peut y voir bien sûr les énormes ateliers de réparation des engins (allez voir les photos sur Google Earth) mais aussi de très vastes parkings remplis de pick up 4 x 4 rouges (pour l'exploitation probablement) mais aussi d'importants bâtiments dédiés au "développement durable" et aux normes de qualité ISO 9000 et 14000. Les entrées de toutes ces surfaces sont extraordinairement surveillées. Visites interdites sauf en groupe et en bus depuis Calama. La montagne fume un peu à certains endroits, témoignant du travail d'extraction du minerai de cuivre. Quand on interroge individuellement les ouvriers casqués sur, par exemple, le tonnage extrait, la réponse est toujours la même : ils ne savent pas. Ma visite fut donc très courte puisqu'il ne m'a pas été possible d'aller, comme je l'espérais, faire le tour sommital de l'énorme carrière à ciel ouvert. Finalement, voyager par Google Earth dans ce cas est préférable et bien plus instructif puisqu'on peut descendre au fond du trou, visualiser les bas-côtés en 3D, et se promener ainsi sans barrière aucune.

Calama - Chuquicamata - Calama 45 km, 7h30 - 12h, +510 -520m

Samedi 29 Mai 2010 : Et c'est parti pour ... Sierra Gorda, un petit bled situé au tiers de la distance pour joindre la ville côtière du Pacifique : Antofagasta. La sortie occidentale de Calama est ... un peu plus propre que l'entrée du côté de San Pedro. On pédale dans une longue et .. morne immense étendue de sable, de roches, sans aucun brin d'herbe ! Le paysage, de jour en jour, se ressemble de plus en plus : el desierto ! Si. La route semble faire la course avec deux pipe-lines et la voie ferrée (le train est passé, tirant des wagons-citernes et des wagons-plats probablement chargés de minerais). Trois machines diesel jumelées en tête ne permettent pas toutefois de dépasser les 35-40 km/h. La route est très étroite sans bande d'arrêt d'urgence ... alors le cycliste est ... une proie assez facile ! J'ai réussi à adapter un écarteur de fortune en piquant un tube fluo qui sert de témoin de bordure de route. Malgré cela, quelques camionneurs un peu endormis m'ont foutu pas mal la trouille. L'étape était courte. Je suis arrivé pour casser la croute. Seulement, le pueblo de Sierra Gorda est tout sauf un village. Il sert de dortoir à pas mal de gens qui travaillent dans une mine de cuivre proche (une quinzaine de km) qui serait, d'après un des employés, désormais plus importante que Chuquicamata. C'est une exploitation privée avec des capitaux américains, japonais, français. Trouver une chambre dans ces conditions n'est possible que dans un ... bidonville. Une chambre noire faite en planches, séparée de la "chambre" voisine par des planches ajourées, sans eau, avec des toilettes épouvantables de crasse... Il a fallu que je sorte mon tournevis pour mettre en marche la lumière ... Le tout est, bien sûr, habité par des jeunes et des jeunes couples avec bébé ! Incroyable ... En plus, c'était la nuit de samedi à dimanche, donc toute la nuit de la musique à fond et les canettes de bière à flot (ça ne s'est calmé qu'à 6h du matin). Bref, le petit cycliste n'a pas trop fermé l'oeil de la nuit.

Calama - Sierra Gorda 73 km, 7h30 - 12h, +45 -670m

Dimanche 30 Mai 2010 : Après une telle nuit, recommencer pareille mésaventure n'était pas recommandé. Je suis donc parti pour joindre directement Antofagasta la grande ville côtière du Pacifique (près de 300 000 habitants), en brûlant l'étape de Baquedano. Mes voisins de chambre m'avaient bien fait monter la moutarde dans les naseaux ... et j'ai pu faire cette belle et longue étape de plus de 150 km. Le vent a été dans l'ensemble assez discret sauf dans les 15 derniers km où le chrono ne pouvait pas dépasser les 7 km/h. Le paysage est toujours le même, très minéral, avec beaucoup beaucoup de détritus partout. La trouille encore et toujours, malgré mon écarteur géant ... Certains camions n'avertissent même plus comme au Pérou, et vraiment, comme les bas-côtés, lorsqu'ils existent, sont plein de trous, on n'a qu'une solution : rouler le plus au bord de la chaussée pour "voiture" et se balancer dans le bas-côté lorsqu'on entend un gros bruit ... Des exploitations minières partout (le Chili serait le paradis du BRGM !). L'arrivée à Antofagasta se fait dans une plongée sur le Pacifique, avec la configuration classique de ce type de ville : les quartiers bidonvilles à la périphérie sur les hauteurs, la vieille ville en bas près de la mer. Demain, je reste dans cette ville une nuit de plus. L'altitude est finie, l'humidité arrive ...

Sierra Gorda - Antofagasta 156 km, 7h30 - 16h, +205 -1520m

Lundi 31 Mai 2010 : Sacrée araignée ! Voilà trois à quatre nuits que j'ai eu des piqures à répétition à hauteur de l'estomac et de la hanche. Ca démange terriblement ! J'ai lavé tout ce qui pouvait servir de haavre de paix à la mystérieuse inconnue et ... je l'ai trouvée et ... elle a bu une sacrée ... tasse au fond du lavabo ! Terribles ces bestioles ! Ne sachant pas ce que c'était, je me suis mis aux antibiotiques par précaution pour huit jours. Aujourd'hui, un peu de vélo le long de la ville d'Antofagasta qui s'étire sur des dizaines de km, coincée entre l'océan Pacifique et les premiers chainons de la cordillère andine. Autrefois ville minière et important port, Antofagasta reste encore une importante cité industrielle mais peu ou pas de port (hormis quelques petits bateaux de pêche) depuis que Iquique, plus au nord, a raflé le marché maritime. Des loups de mer jouent dans le vieux port sous les regards ébahis d'une dizaine de pélicans ! ... Mais que l'eau et les rivages mériteraient un sacré nettoyage ! Quelques rues piétonnes très animées, des restaurants avec des prix bien plus bas que ceux trouvés jusqu'ici ! ... une vie plus normale quoi, sans trop de touristes. Compte tenu des camions-fous, de la panaméricaine, de l'absence de village sur 400 km, d'un paysage toujours ressemblant à ce que j'ai pu voir depuis Calama, je préfère prendre le bus juqu'à Chañaral. Demain, à 10h, un bus de Tur Bus devrait me conduire avec ... le vélo j'espère (mais ce n'est pas certain ... je n'ai que le billet pour moi, pour le vélo c'est à voir avec le chauffeur) à cette petite ville située en bordure du Pacifique pour, ensuite, le lendemain, aller dans le parc national marin recommandé par Laurent. En attendant, sus aux démangeaisons de l'araignée (... coriaces les morsures de ces petites bêtes !).

Mardi 1er Juin 2010 : Etape de transition aujourd'hui ! En bus d'Antofagasta à Chañaral ... quel confort ! Je ne regrette vraiment pas ces 400 km car, comme prévu, ces km de désert rectilignes avec pour tout occupant le sable, la poussière, les détritus, les camions, sans aucun village hormis deux auberges ... ressemblent à ceux que j'ai parcourus depuis San Pedro de Atacama. Je me suis épargné quatre jours de vélo-galère. Cool le car, très confortable avec les sièges semi-couchettes et, à la différence du Pérou, pas de présentations commerciales avec musiques plein les oreilles durant deux heures ! Le Chili est très bien organisé pour les dessertes par car : très propre (comme en Chine le transport ferroviaire), pas cher (j'ai payé l'équivalent de 15 euros pour les 400 km vélo compris), très fréquent ... presque le rêve ! Pourtant ce n'était pas bien parti ce matin. J'avais acheté le billet hier et ... 10h arrive (l'heure du départ du bus) et ... le vélo ne peut pas rentrer dans le car. C'est un car-couchette à deux niveaux pour Santiago que m'avait réservé la petite dame du guichet de Tur Bus, la compagnie qu'on m'avait recommandée. Je rouspète bien sûr ... Ils finissent par me proposer un car "classico" qui a de plus grands coffres et qui part à 11h30. Perfecto, j'accepte. Mais, à 11h30, le car en question est bondé. L'employé qui a eu pitié de mon vélo à 10h, réussit à me faire passer devant et ... on rentre le vélo de ... force ! Je cris un peu en montrant mes jantes car ... dessus, un autre employé a voulu mettre évidemment d'autres bagages ! Voyant certainement que je n'étais pas très content, ledit employé a prestement sorti les bagages ... Total, je n'ai finalement payé aucun supplément pour le vélo, et j'ai eu les excuses du chef de car (car il y a trois personnes employées par car : le chauffeur, le chef de car et le bagagiste). J'ai gagné 5000 pesos. Mais, mon brave vélo a eu une de ces jupes (garde-boue) un peu abimée ... mais, bôf, c'est un Rando-cycle, il résistera ! Je suis finalement arrivé à Chañaral à 17h30. La nuit venant, il me fallait trouver une chambre : complet, complet, 25000 pesos ... puis 20000 pesos ... trop cher ... J'ai fini par trouver une chambre très correcte avec TV (c'est important la TV pour les sud-américains, semble-t-il) et ... pour la première fois depuis Uyuni en Bolivie ... une selle sur la cuvette des WC, et ... le tout ... propre ! Tout ça pour 8000 pesos la nuit soit 12-13 euros. J'ai pris car je n'avais plus beaucoup le choix. J'y resterai au moins deux nuits car je dois aller voir la bellle réserve marine que m'a recommandée mon ami Laurent.

 

Mercredi 2 Juin 2010 : Flââneries autour de Chañaral et discussions avec des mineurs au ... repos ... une boisson un peu alcoolisée à la main, pour se détendre ! Petit pueblo stratégique dans le passage Nord/Sud Pacifique. Le village est construit un peu sur les hauteurs mais avec des extensions en fond ... Or, quand on voit l'énorme baie, on comprend les panneaux qui indiquent les zones de sécurité en cas de tsunami ! Les mineurs au repos m'ont dit que les plaques de cuivre que l'on peut voir transportées sur les camions venant des mines de Chuquicamata et autres, font chacune 130 kg. L'acide sulfurique servirait, d'après ce que j'ai pu comprendre, à dissocier du minerai brut, cuivre et plomb. Si quelqu'un peu m'expliquer ??

Jeudi 3 juin 2010 : En route pour la piste de 30 km qui rejoint (et traverse) le parc national Pan de Azucar, un parc d'une superficie voisine de celui du Parc National des Pyrénées, avec 43 000 ha dont une partie se trouve sur deux îles. Ces deux îles que je voulais contourner en bateau mais ... pas de touriste autre que moi et ... la barque aurait coûté plus de 50000 pesos, un coût acceptable lorsqu'il est partagé par 50 touristes mais, même si j'avais voulu payer ... pas de proposition de barque ! Je regrette car, sur ces deux îles, se trouvent notamment des pingouins de Humboldt, une espèce endémique mais que je vais pouvoir peut-être trouver un peu plus au Sud dans un autre parc. La traversée de ce parc est très belle avec des paysages aux couleurs splendides : roches noires, orangées, crèmes, sables blancs, jaunes, avec l'océan Pacifique qui débute en bleu turquoise pour virer progressivement au bleu nuit. Plein de bateaux de pêcheurs étaient en action avec probablement beaucoup de poissons si l'on en juge par la quantité d'oiseaux survolant les bateaux. Le soleil rasant du matin et la solitude du cycliste donnaient une ambiance étonnamment paisible. J'avançais ainsi au fil des km jusqu'à tomber sur des cactus ... en boule ! Ah ces fameux cactus, espèce endémique encore, auxquels on a donné, je crois, le nom d'une prochaine ville "Copiapo". Très beaux, en coussinets, et éparpillés à intervalles presque réguliers. Je finis par tomber sur une Maison du Parc avec une exposition un peu fanée par le soleil. Les moyens du parc ne semble pas à la hauteur des besoins. Je discute avec un garde : 14 gardes dont 8 en exercice. Le garde est tout heureux que je lui dise que "son" parc est très beau (c'est vrai au plan paysager au moins) mais il m'indique que derrière la bute, là, dans le parc ... Je vais voir, et effectivement, je comprends qu'il ait eu un peu honte ... beaucoup de baraquements en bois pour "touristes" avec quelques barques de pêcheurs ... Bref, demi-tour, restons sur la bonne impression des premiers km. Des problèmes avec les chiens et les chasseurs notamment pour les populations de Guanacos (tiens, on dirait du déjà vu !). On ne voit pas de réglementation affichée ... Fermons les yeux, je ne fais pas partie des gestionnaires de ce parc ! Retour sommeillant sur la piste du matin ... avec un éclairage différent. Le soleil est plus haut, les bateaux de pêche ne sont plus sur zone. Retour à Chañaral pour une bonne tartelette aux pommes. Un petit coucou sur le blog. Préparation pour demain, le départ pour - peut-être - Caldera, en longeant le Pacifique.

Chañaral - Pan de Azucar - Chañaral 65 km, 7h30 - 14h, +515 -510m

Vendredi 4 Juin 2010 : Faut y aller ! Dur de partir d'une très bonne chambre d'hôtel. Il fait froid ce matin. Les bagages sont prestement mis en place (tout est maintenant bien rodé). La chaîne méritait un peu d'huile (faut la soigner !) ... Pas de petit déjeuner, ce sera pour plus tard la banane traditionnelle. Dans le petit matin, Chañaral s'éloigne. La route longe la Côte Pacifique avec de très beaux dessins de courbe, mais ... pff ! que de montagnes russes ! C'est soi-disant tout plat jusqu'à Caldera, ma destination d'aujourd'hui à environ 100 km. En réalité, tous ceux qui répondent à la question : y a-t-il des côtes ? et qui répondent : No, plano !... n'ont jamais dû prendre un vélo de leur vie. La route serpente assez joliment, un peu comme la route corse qui longe la côte ouest dans la partie nord, mais ... la comparaison s'arrête là. Le potentiel de plages est assez impressionnant avec, à la différence du Pérou, moins de propriétés privées de terrains en bordure de l'océan. En revanche, beaucoup de panneaux partout sur la zone de sécurité en cas de tsunami. Ils ont estimé un tsunami d'une hauteur de 20 mètres, et ont délimité, à partir de cette hauteur, le risque quasi nul. Mais ... évidemment, toutes les "paillotes" se trouvent dans la zone de risque contre la plage. Toujours beaucoup, beaucoup de camions (il y en a un qui a fini par toucher mon écarteur à Caldera mais heureusement sans conséquence sinon un coup de gueule de ma part !) et ... enfin ! des oiseaux. Ca commençait à me manquer. Quatre beaux rapaces (qu'il me reste à identifier) assez gros (entre le cormoran et le vautour) se délectaient d'un cadavre de chien écrasé ... devinez comment ? ... Ils étaient tout noirs avec une caroncule rouge. Après pas tout à fait 100 km, Caldera est en vue. Plutôt coquette avec une grande place centrale, une église du XIXe siècle, la plage pas loin, Caldera a tout d'une petite ville balnéaire. Pas fâché d'arriver tout de même car le vent s'est un peu levé de trois quart après 70 km. Mon mal de crâne est toujours là, effet des antibiotiques, je pense, qui doivent fatiguer un peu. Ce soir, je suis dans une chambre apparemment à l'abri des risques de tsunami : ... le panneau l'indique, alors !

Chañaral - Caldera 97 km, 7h30 - 14h30, +710 -690m

Samedi 5 Juin 2010 : Bahia Inglesa ! Quel joli nom ... en souvenir de corsaires anglais qui auraient accosté sur une très belle baie près de Caldera où je suis. Aujourd'hui, ce sont probablement d'autres corsaires qui ont pris possession de ce lieu car c'est assez chic avec quelques réalisations d'architectes et, surtout, une desserte par bus, par taxis, un nettoyage par la benne à ordures qui passe tous les jours ... On sent qu'il y a là un lieu d'influence ! avec une qualité de service public qu'on ne trouve que dans les très grandes villes, alors que Bahia Inglesa c'est tout au plus un parc immobilier de quelques tout petits milliers de lits. La ballade à vélo depuis Caldera est agréable, toujours au petit matin avec ... personne sur la route, hormis les taxis jaunes et noirs qui tournent à vide (on se demande comment ils font pour gagner leur vie !). De grandes étendues de sable, des petites plages dans des baies, et ... on arrive à Bahia Inglesa. On ne voit au début que des maisons, puis en se disant qu'il y a bien quelque chose derrière, on tombe sur une petite baie mais avec une configuration de maison de poupée : à droite, des îlôts rocheux dans l'océan proche, blancs de guanos, une plage en demi-lune de sable blanc fin, des îlôts rocheux noirs pointés dans le sable, et une eau dont la couleur est semblable à celle du Parc National Pan de Azucar, translucide puis verte puis bleu nuit. Seulement, quand on s'approche, on remarque que la saison touristique ne bat pas son plein car l'océan (qualifié localement de "Mar") est plein d'objets divers en suspension. Mais, l'eau est à bonne température pour un bain que je n'ai pas pris compte tenu de l'état de ma tronche dû à cette foutue araignée dont les effets de piqures ne semblent pas trop vouloir me lâcher ! Un petit port de pêcheurs est relégué dans un coin hors de la vue de Bahia Inglesa. Un autre port plus important et plus actif se trouve à l'Ouest de la ville de Caldera, avec une pêche de tous les jours, une vente possible du poisson sur le port, sous les yeux avides des pélicans et des loups de mer qui vous regardent fixement pour quémander quelque chose. Ce petit port est très actif avec encore un musée présentant des éléments d'identification des espèces animales présentes dans l'océan proche (série de rapaces, pingouins de Humboldt, baleines, loups de mer, dauphins, cachalot ...), l'ensemble étant présenté et gardé par l'association de protection de la nature du coin. Les prix baissent apparemment au fur et a mesure qu'on descend vers le Sud. Ainsi, hier soir, j'ai mangé un très bon poulet frites avec un sprite pour 3 euros. Ce midi, une sopa avec du poisson frit accompagné de salade de tomates, oignons, et d'une bière pour 3 euros également. Il y a trois jours, cela aurait été 4 a 5 euros, et il y a huit à dix jours "dans le nord du Chili", cela aurait été le double. Que cela continue !... Il n'y a que la chambre qui ne s'arrange pas avec toujours des prix très voisins de 8 euros la nuit mais avec une qualité qui ne s'améliore pas (pas de serviette, pas de savon, des sanitaires à la limite ... mais vous avez parfois des ... araignées sympas en plus !). Cela dit, on sent aussi que plus on descend vers le sud plus le niveau de vie moyen des gens augmente.

Caldera - Bahia Inglesa - Caldera

 

Dimanche 6 Juin 2010 : Direction Est aujourd'hui pour atteindre Copiapo. La sortie de Caldera est un peu hasardeuse car, bien sûr, je suis parti vers ... le Sud ! La Ruta 5 (panaméricaine) est rejointe après 5 km d'errance. Du déjà vu ... mille fois avec du sable, des ... camions, des plastiques envolés, des morceaux de véhicules, des pneus ... ça monte et ça descend (pas trop), et, à moitié chemin, au bout d'une quarantaine de km, un avion là à droite posé dans le désert ! En réalité, c'est un aéroport "international" appelé "Aéroport international du désert de l'Atacama" ! On le construit au milieu de nulle part (expression Allibert) pour desservir Copiapo, Caldera et, bien sûr, Bahia Inglesa ! Il fonctionne déjà puisque j'ai vu un avion assez gros se poser et une ... meute de taxis noirs et jaunes s'affairer vite vite... Le désert finit petit à petit par laisser un peu de place au vert ! Non, je ne rêve pas ! Et ... juste devant moi, arrive un bonhomme tout déguisé de blanc, à pied, avec un énorme sac sur le dos, et qui traîne un caddy à roulettes avec un superbe oriflamme "Pour la Paix". C'est un colombien parti depuis ... 12 ans à pied, qui a fait le tour de l'Amérique du Sud, et qui revient en ... 2012 en Colombie. La première question qu'il m'a posée lorsque je lui ai dit que je venais de Lima, a été : mais pourquoi t'arrêtes-tu ? Guillermo avait l'air d'avoir la tête bien sur les épaules. Il était très organisé avec son barda, le bidon de lait au café sur le ventre prêt à être dégainé, l'appareil photo numérique qui marchait, le bedaine bien en avant (il doit bien se nourrir ... depuis 12 ans !). J'ai droit à un petit message-papier sur la paix. Je lui ai promis de le contacter par mail lorsque je serai en France. Puis, les faubourgs de Copiapo se montrent après les nombreuses grandes haciendas qui pratiquent la culture de l'olivier (mais est-ce récent ? car il n'y a pas de vieux beaux oliviers comme en Aragon). De l'aéroport international à Copiapo, l'autoroute est en construction (investissez ! vous dis-je à La Caldera et à Bahia Inglesa, c'est le moment !). Arrivé dans le centre-ville, je cherche une chambre, et tombe sur un vieux monsieur qui me hèle un peu brutalement. C'est un italien de Campo Basso qui a un restaurant et qui est en train d'en monter un autre. Je lui explique mon périple ... il me dit de le suivre. J'entre alors dans un vieux bâtiment (très beau) en pleine rénovation : c'est son projet qu'il me montre, fort bien situé, et me propose une pièce pour installer mes affaires de couchage "gratis". Sympa quand même ! En Ouzbekistan, un monsieur un peu semblable m'avait donné ... de l'argent pour me payer une nuit d'hôtel. Ici, l'italien me propose en plus un déjeuner avec crudités, poulet, purée pour 2 euros et demi. Todo va bene ! Ah, au fait, le mal de tête a quasiment disparu avec trois doses d'Efferalgan de 1g à chaque prise. Le remède de cheval proposé par Laure a marché !

Caldera - Copiapo 84 km, 7h30 - 12h30, +610 -180m

Lundi 7 Juin 2010 : Kaleidoscope ! Copiapo me fait rencontrer des choses et des gens éclectiques. Une 2CV modèle 1955 à l'arrêt (pas pour longtemps car c'est interdit) le long de la Plaza de Armas. Dans le genre voiture, deux 404 qui roulaient, trois 504 qu'en Afrique on revendrait encore pour faire 500 000 km. Pas mal de voitures de marque française au ChiliCalama c'était la voiture du facteur qui était un Partner). La circulation en ville se fait sans quasiment d'accident. Les rues sont principalement à sens unique, et les feux, nombreux, sont très respectés. Beaucoup de taxis qui tournent en permanence et que les gens empruntent jusqu'à les remplir, quelles que soient les directions. La police est très discrète mais lorsqu'elle sort, c'est avec des voitures grillagées dans les quatre côtés (pares-brises et portières couverts). Sous le porche de la cathédrale, une grève de la faim de toute une famille qui semble promise à une décision de licenciement. Il faut que la situation soit terrible pour en venir là : comité de soutien, quête ... il faut donner, bien sûr. Carmello, l'italien qui me loge gratis, est resté toute la journée assis sur une chaise à l'entrée du parking de son futur restaurant (où je loge) et a encaissé la monnaie car, comme le stationnement sur la voie publique est quasiment interdit avec de très fortes amendes (quelques rares places sont disponibles mais prises d'assaut), il a eu l'idée lumineuse de boucher le trou de la grande piscine qu'il y avait et de faire un parc de stationnement payant privé pour une vingtaine de véhicules. Total, en fin de journée, il m'a dit avoir "fait" plus de 150 heures/voiture à raison d'1 euro l'heure ... Il n'en revient pas ! Parmi les ouvriers qui travaillent à retaper le futur restaurant, il y a le maire de la ville de Copiapo (toujours important d'avoir de bonnes relations !) et un argentin qui lui sert de menuisier (je dis bien qui lui sert car il travaille comme un ... intellectuel qui n'aurait rien compris au fonctionnement d'un marteau). Or ce pseudo-menuisier argentin me dit qu'il est chanteur de tango ... argentino, et qu'il a fait un CD qu'il doit me donner demain matin avant que je parte : "si ca ne te plait pas, tu le jettes !". Etonnant ce pays qui a, en plus, ... de bonnes tartes au citron et de succulents pudding british !

Mardi 8 Juin 2010 : "C'est moi la p'tite voix, qu'est ce que je t'avais dit !" Et c'est vrai que j'ai bien fait de l'écouter cette petite voix qui m'incitait à prendre le bus aujourd'hui. La route de Copiapo à Vallenar était encore en plus mauvaise condition pour un cycliste que je l'imaginais. Tout y était : brouillard et pluie associés tout le long, trafic de poids lourds dense dans les deux sens, quasiment pas de bas-côté sauf pour les derniers 20 km, chaussée très étroite au point que les poids lourds venant en face étaient obligés de mordre sur la partie droite non goudronnée (bonjour le cycliste dans ces cas !), ligne droite soporifique pour les chauffeurs, et ... accident de la circulation au milieu du trajet (la maréchaussée locale s'était déplacée, et les uniformes étaient trempés ... ils ne s'inquiétaient même pas du risque de sur-accident alors qu'ils étaient en train de mesurer au milieu de la route sous la pluie dans le brouillard !). Les photos seront éloquentes, je crois. En tout cas, les bus chiliens sont vraiment très très confortables. On a eu droit à un petit déjeuner dans le bus avec semi-couchettes. Le tout pour 8 euros et demi vélo compris pour 150 km. A Vallenar, arrivée dans le sale temps. Trouver une chambre n'est jamais facile. On tombe toujours sur des pseudo-hôtels qui proposent des chambres à 25-30 euros, puis, en demandant un peu, on finit par trouver à 10 euros. ... Il est 15h30, le soleil arrive !!! ... profitons vite !

Copiapo - Vallenar bus 150 km

 

Mercredi 9 Juin 2010 : Ca y est, me voilà un peu plus au calme ! Je viens de faire une soixantaine de km sur la panaméricaine ... sans surprise, mais avec beaucoup de tension car il faut regarder partout et pédaler fort dans les méandres, au demeurant très beaux, de ce grand serpent qui traverse les Amériques. Domeyko, ce village où je voulais m'arrêter est en réalité un ensemble sans forme de carrés de bois où vivent des gens qui travaillent pour la plupart dans les mines. Une gendarmerie me permet de me renseigner normalement sur l'existence ou non, et l'état, de la piste qui devrait me permettre d'atteindre l'océan pour ensuite faire une boucle et rejoindre la panam. Le jeune policier est très optimiste (du genre todo va bene) et me regonfle un peu les mollets. C'est parti pour la piste, pour en réalité plus de 70 km mais ... quel bonheur cette piste ! Quasiment pas de véhicule, une chaussée meilleure que l'asphalte et pourtant en terre (mais ... la suite !) une longue, étroite et sinueuse vallée que l'on remonte avec toujours un petit passage au fond alors qu'on croit la vallée terminée (le bonheur du cyclo !). Normalement, je dois atteindre la Côte Pacifique après en gros 70 bornes. Les cactus défilent ... jusqu'au moment où je vois au loin un camion qui semble rouler lentement. Puis, je tombe sur une piste ... mouillée comme après la pluie. Puis ... je roule de plus en plus mal, de plus en plus lentement, avec des frottements bizarres, puis ... tout se bloque d'un coup. Les roues ne veulent plus avancer ! En fait, le camion (je ne le saurai que le lendemain) répand un mélange saumâtre d'eau et de sel provenant du Salar d'Atacama (vous vous rappelez San Pedro ?) qui fait durcir la chaussée en séchant, tout en étant une horrible colle en étant mouillé. Seul sur cette piste, les roues bloquées, ... le camion au loin qui continue son boulot ! Je me dis qu'en allant sur l'extérieur de la piste je trouverai du sable qui devrait me permettre de dégager peut-être ce foutu mélange de terre, de sable, de sel et d'eau. Ca marche un peu, les roues se débloquent un peu mais ... je tombe sur du sable mouvant où, là, pas possible d'avancer ! Je reviens un peu tant bien que mal à la piste et ... examine bien la situation. Je trouve une tout étroite bande de piste qui n'a pas été mouillée par le camion, et qui se prolonge car la piste est en réalité plus large que l'arrosoir du camion. Sauvé ou presque ! Je suis tant bien que mal cet étroit passage avec évidemment les roues qui renaclent mais ... petit à petit le sable sec fait son effet, et dégage un peu l'espace entre les pneus et les gardes-boues. Je finis par atteindre LE village tant espéré qui a un nom difficile Callizarilla. Une petite chapelle est dédiée à Notre Dame de Lourdes ! Curieux comme on trouve une dévotion toute particulière pour la Vierge de Lourdes (A Arica, une ville au nord du Chili, j'avais vu un semblant de grotte dédiée à Notre Dame de Lourdes).... Je viens de faire plus de 120 bornes sans ... manger, j'ai faim ! Je finis par trouver ... une bière et, en discutant, je trouve la solution pour dormir et manger et trouver une barque pour, demain, aller rendre visite aux pingouins de Humboldt ! Ce soir, un lit et un très bon repas de poisson avec de la corvina (succulent poisson avec une assiette de crudités).

Copiapo - Calizarilla 125 km, 7h45 - 17h30, +995 -1360m

Jeudi 10 Juin 2010 : Les rames sont prêtes ! L'océan a mis ses habits de lumière aujourd'hui d'après Patricio mon guide pêcheur qui va se révéler être un excellent naturaliste et un fin connaisseur des pièges de la mer. Non sans avoir eu l'autorisation du chef de la police locale avec un tampon en bonne et due forme (c'est une réserve naturelle nationale), nous partons, avec un autre guide pour la sécurité, vers l'Ile Chañaral située droit devant nous à environ une dizaine de km. Après le passage lent (c'est aussi un port de pêche), le moteur quatre temps Yamaha "qui ne fait pas de fumée" donc qui ne polluerait pas trop, nous mène très vite dans le sanctuaire ! Interdit de débarquer sur l'île car les pingouins de Humboldt ont la première des deux nichées annuelles. Je les verrai d'un peu loin tout là-haut sur la falaise, debouts, venir épier les instrus. Leur démarche déambulante est rigolotte. Les falaises sont blanches de guano mais c'est dû à la foultitude d'oiseaux marins qui trouvent refuge et pìtance dans ce haut-lieu de la Nature, notamment les "piqueros" très beaux oiseaux longilignes, noirs, blancs, gris qui ressemblent un peu aux sternes qu'on peut trouver au Banc d'Arguin dans le bassin d'Arcachon mais qui sont plus fins et plus longs de corps avec la tête grise alors que l'essentiel du corps est blanc : superbe ! Patricio fonce vers l'océan profond derrière l'île pour atteindre les ... dauphins ! ... Des éclats dans l'eau, des têtes puis des corps qui ondulent, puis ... demi-tour et ... toute la bande de dauphins commence à nous suivre. Patricio accélère la vitesse, puis à fond, et les dauphins nous encerclent. Il y en a partout ! Ils sautent de part et d'autre de la barque, nous dépassent, se laissent dépasser, se bousculent entre eux pour nous serrer au plus près ! Formidable vision de ces animaux amis de l'homme (dans la réserve ...). Nous approchons un peu plus des récifs rocheux de l'île avec des sculptures de pierre comme seule la Nature peut en imaginer les contours, passons sous des arches sur lesquelles se hissent loutres et ... loups de mer qui guettent les ... pingouins. Des centaines de loups de mer sont là, se prélassant sur les rochers au soleil, et ... dans l'eau, plein de têtes qui se dressent : ce sont encore des loups de mer, énormes qui regardent qui leur arrive dessus. Très rigolos ces loups de mer qui se dressent droits comme des piquets dans l'océan avec leurs têtes qui pivotent comme des périscopes ! ... Magnifique, Magnifique ! Patricio veut essayer de me montrer mieux les pingouins en passant versant nord de l'ile, un passage très fréquenté pour leur accès à l'océan. Malheureusement pour moi, ils sont trop occupés avec leurs petits (1 a 2 oeufs par nichée avec deux nichées par an). Mais nous en verrons nageant à qui mieux mieux pour se ravitailler au milieu des albatros et alimenter leur progéniture ... L'heure du retour est là ... Patricio veut me faire un cadeau, car je lui ai fait comprendre que j'étais aussi ... de la maison, et il me propose de retourner mais en essayant de trouver les ... baleines ! Ce n'était pas prévu au programme ! Il connait l'endroit comme sa poche, et me dit que parfois plus de 200 baleines sont là dans cette baie de quelques dizaines de km2 car il y a beaucoup de "krill". La La ! ... Je ne vois rien puis ... la barque approche à vive allure. D'énormes ronds dans l'eau puis une explosion en surface. La baleine souffle ! Le dos rond énorme fait une apparition fugace car elle replonge vite. Je pourrai ainsi voir ce ballet autour de la barque sept a huit fois. Magique ! ... La barque ralentit ... les rames entrent en action ... l'entrée au port se fait silencieuse et calme ... Le rêve se termine ! Quelle émotion ...

Cette extraordinaire rencontre a duré trois heures. Il faut ... reprendre le vélo pour Punta Choros. Mais une nouvelle surprise m'attendait ... d'un genre tout à fait différent. Je reprends la belle piste de terre salée et ... elle est mouillée ! Le camion d'hier a refait le plein de saumure et l'a répandue sur des km mais là, la piste est beaucoup plus étroite et ... finie la petite bande sèche qui m'avait permis hier de me faufiler ! Panique sur le Mulet ! Les roues renaclent, puis ... tout se bloque ! Plus moyen d'avancer. J'essaie le bas-côté, peine perdue c'est du sable mou mou mou ! Que faire ! Attendre qu'un véhicule passe pour m'embarquer. J'arrête un pick up. Le chauffeur comprend bien la situation car c'est lui qui a eu l'idée de mélanger eau et sel de San Pedro de Atacama pour durcir la piste de terre ! Je sais tout maintenant ! Le Monsieur accepte très gentiment de me porter au village pour rendre la clef de l'habitation où j'ai logé, et me conduit à la bifurcation de la piste pour Punta Choros, mais ... m'a-t-il dit, la piste ne dure que 10 km, après ... c'est du sable ! Il me laisse moi et mon Mulet qui ne peut plus avancer. Je sors les sacoches, retourne le vélo et démonte les roues. Des blocs de sable/sel ont durci et sont coincés dans les gardes-boues et dans les freins. Le tournevis entre en action. Le vélo est remonté. Tout ... roule ! La piste n'est pas mouillée. Super, il fait beau ! ... Le sable devient de plus en plus présent, puis ... plus de piste de terre, que du sable ! Impossible de rouler même avec le sable sec. Je suis obligé de pousser le Mulet dans cet enfer de dunes ... Mais j'avance tout de même à 4 km/h. et ... finis par tomber sur deux engins de chantier qui travaillent une piste venant de Punta Choros qui se trouve à ... 1,5 km ! Ouah! enfin peut-être le bout du chemin ! Punta Choros et ses trois îles apparaissent. Terminus pour aujourd'hui. Mais, au moment où je veux installer ma tente dans un camping, les 3000 pesos demandés pour juste poser la petite tente sans possibilite de douche et d'eau chaude, me ... refroidissent. Je décide de poursuivre un peu et d'aller camper au-delà du village dans ... du sable sec ! ... A moi la soirée à me remettre des émotions de la journée, à déguster le silence avec les ... noix de cajou que je m'étais gardées pour fêter la ... Fête de la Nature !

Calizarilla - Isla Chanaral - Punta Choros 25 km, 12h45 - 17h, +230 -205m

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Vendredi 11 Juin 2010 : Lever de soleil sur la tente qui ... en a bien besoin car l'humidité de la nuit a été forte. Les affaires sont méticuleusement remises dans les sacoches car il ne faut pas trop de sable ! La piste est sèche mais ... c'est une piste très très caillouteuse avec des calibres parfois assez impressionnants et ... ça monte ... et ... la ... tôle ondulée arrive ! Pendant 50 km, j'aurai de la ... tôle ondulée ce matin ! Mais la piste et le paysage se font plus humains avec la verdure qui commence à tapisser un peu les abords. Des haciendas avec cultures d'oliviers, des propriétés privées de terrain à vendre, l'emprise humaine devient de plus en plus forte. Je finis par atteindre la ... panaméricaine (à croire que les camions me manquaient !). Là, casse-croute avec viande grillée de Vicuena (dommage de tuer ces bêtes mais ... c'est très bon !) et papas fritas con arroz y limon. 15 km plus tard, je bifurque vers le village haut perché de La Higuera. Sympathique, avec sa bibliothèque publique qui permet l'accès aux livres et à internet. Au fait, vu à la bibliothèque une copie d'article de journal sur l'araignée "parfois mortelle" qui se répand au Chili avec recommandation de bien tout nettoyer pour éviter à ladite araignée de trouver refuge dans notamment ... des lainages ... Repos dans une habitation privée où je peux me délasser un peu avec une douche bien chaude, et une veillée de palabres avec Marco, le patron des lieux, qui est chauffeur de "taxi rural".

Punta Choros - La Higuera 65 km, 7h45 - 8h, 14h +760 m -185 m

Samedi 12 juin 2010 : Le pneu arrière est à plat ! C'est la première crevaison depuis Lima. Je démonte consciencieusement la roue avec les gestes d'un quasi professionnel (Pierre Mainhagu m'aurait peut-être même embauché comme apprenti !). Le tout est remonté, regonflé et ... c'est reparti pour une étape finalement pas aussi facile que prévu. Je rejoins la grande ville de La Serena après 70 km de panaméricaine mais avec des montées, descentes très éreintantes. Avantage : plus de sel, plus de sable, plus de tôle ondulée, mais une belle route goudronnée avec des abords larges. Marco, le chauffeur de taxi qui m'a hébergé me croise (il fait le taxi entre La Higuera et La Serena). Je mange à 11h l'excellent avocat qu'il m'a donné le matin au petit déjeuner en me disant qu'il fallait le manger à 11h. Enfin, je vois du vert un peu partout, enfin j'entends les oiseaux et vois de nombreux rapaces (à croire que le nord du Chili n'est pas/plus une terre d'accueil pour les oiseaux). Marco m'avait indiqué des possibilités d'hébergement. Je n'ai pas de peine à en trouver un pour un prix très correct compte tenu du petit confort que j'aurai : petite chambre donnant sur patio, TV (pour le Mundial !), lampe de chevet (mais oui ... depuis Oruro je n'ai jamais eu de lampe de chevet ... sinon j'aurai trouvé ... l'araignée !).

La Higuera - La Serena 70 km, 7h45 - 8h, 14h +800 m -1200 m

Dimanche 13 Juin 2010 : Gazette de La Serena ... Dimanche, tout est fermé ! Pire qu'en France il y a vingt ans. Il faut attendre au moins 11h pour que quelques portes s'ouvrent. Alors, je discute avec mes voisins de chambre. Ce sont des ouvriers qui viennent de Santiago pour un travail de quatre mois. Tout au Chili vient de Santiago, tout ce qui se fabrique au Chili est fait dans la capitale puis ... dispersion vers le nord et vers le sud et ... les ouvriers suivent. La centralisation à l'excès ! Pour les aménagements routiers, pour la modernité, même loi : du centre (le top) vers les périphéries. Certains théoriciens géographes doivent se régaler avec le cas du Chili ! Beaucoup trop de différences entre pauvres et riches d'après ces travailleurs. De fait, la mendicité est là dans les rues ... Une femme est allongée sur le trottoir enroulée dans une couverture et tend la main. Elle a une tête à peu près bien coiffée : dernier sursaut de dignité ? ... Au coin de la cathédrale, un pauvre homme essaie de cacher un maximum ce qu'il est entrain de faire : pour lui la dignité est derrière ... Mes travailleurs de Santiago font leur boulot la nuit et les jours fériés car durant les journées les clients sont là, et point de bruit alors. La Serena est ceinturée de trois collines. Sur l'une d'elles, l'armée. Une dizaine de troufions ramassent les papiers sous l'oeil vigilant et un peu sadique du "chef"... du déjà vu ailleurs, n'est-ce pas Bernard et Claude ? Mais on sent déjà l'influence de la capitale proche, bien que dans 500 km. On sent l'effet tache d'huile que je soulignais dans les premières lignes de ce billet, avec, il faut le dire, un très grand effort pour la propreté en ville ... alors que la campagne est encore apparemment le lieu de tous les dépôts de toutes sortes. L'éducation scolaire est encore, semble-t-il, très partagée entre public et privé avec une ségrégration de fait pour les gens plutôt aisés (privé) ... Un homme me tend un papier dans la rue. Je ne comprends pas de suite. Il insiste et me montre en réalité un billet de bus. Je ne saisis toujours pas. Puis il me dit "asiento" "numero de asiento". Je lui indique son numéro de place dans le bus. Il me fait un énorme sourire en me remerciant ... Il n'a pourtant que la quarantaine !

Lundi 14 juin 2010 : Un petit tour dans la baie de Coquimbo. Le temps est très très moyen et humide. Mais Coquimbo a un petit charme même sous la brume. Beaucoup de maisons sur les hauteurs qui entourent la baie. Mais des pentes à grimper ... terribles ! Sur les hauteurs, une gigantesque croix en béton qui fait penser de loin au Christ de Rio. Elle a été bâtie pour le IIIème millénaire en l'honneur de Jean-Paul II. Sur une colline voisine, un très haut minaret : c'est la "mesquita" du coin. Et ... tout près de la mosquée, un très beau stade de la "copa del mundo". Renseignement pris, il n'y a pas eu de coupe du monde mais c'était pour le fun ! En tous cas, un superbe stade qui a un air du nid de Pékin. La baie est tout à la fois port de pêche, port pour pétrolier, plage, réserve de faune ... L'ensemble manque néanmoins de cohérence d'aménagement. Route à deux fois deux voies, rail avec trains de minerais vers le port ... l'activité est permanente. Plus l'on monte dans les hauteurs des ruelles, plus les bidonvilles sont présents, et plus ... la propreté des rues laisse pantois !

La Serena - Coquimbo - La Serena 53 km, 9h - 12h, +290 m -270 m

Mardi 15 Juin 2010 : C'est parti pour trois jours d'inconnues. Aujourd'hui, une centaine de km. La route est là .. panam donc peu d'intérêt en soi, surtout avec le temps incertain et le risque de pluie. Mais ... le temps tiendra. Le péage est de rigueur car la panam est maintenant une deux fois deux voies avec concession à une société privée jusqu'en 2022. Alors, des sous ... mais pour tout le monde sauf pour les ... vélos. Sympa ! Mais aux péages, interdit de passer par la barrière de péage. Il faut monter les 60 kg sur le trottoir pour redescendre du trottoir deux mètres plus loin. Pourquoi ? Nul ne le sait ! La route est bien sûr très empruntée. Quelques très rares stations-services (tous les 130 km en réalité dans cette portion). Station où l'on peut acheter de quoi se ravitailler et aller au petit coin mais ... c'est 350 pesos pour aller pisser, de quoi vous couper l'envie ! Je cherche les petits étalages de fortune pour acheter pommes, bananes. Je n'en trouverai pas avant 90 km. Et puis, tout d'un coup il y en a sept ou huit qui sont là avec, pour tous, les mêmes "produits du pays" proposés dont papayes, fromages de chèvre, fruits locaux, miel. Curieux, ce manque d'originalité pour attirer le client : tous les étals sont pareils, toutes les pancartes sont aussi peu attractives. De fait, les gens ne s'arrêtent pas. La pluie menaçant, je sors de la panam pour essayer de trouver un endroit un peu abrité pour planter la tente. Je suis à Alcones et trouve un arbre pour m'abriter au cas où. Je mange mon sandwich à la mortadelle et ... 200g de crème de lait (je me suis trompé lorsque j'ai acheté la conserve, croyant en réalité à des fruits !). La digestion a finalement fait tout passer. La nuit a été ... bruyante avec un 4 x 4 qui est venu se garer juste à côté de la tente. Le chauffeur a laissé tourner son moteur plus d'une demi-heure. La fumée était dure à ... respirer ! Très délicat ce chauffeur qui, malgré ma sortie de tente, n'a rien voulu savoir ...

La Serena - Alcones 117 km, 8h - 17h, +1095 m -975 m

Mercredi 16 Juin 2010 : Il n' a pas plu cette nuit, mais l'humidité est partout. Les 40 premiers km sont dans la brume et le froid. Et ... ça monte ! Longs ces km à 5-6 km/h. Mais je finis par sortir de la crasse. Le soleil commence à percer. Les oiseaux se mettent à chanter, et ... un très beau mâle qui ressemble à un merle mais qui a un superbe plastron rouge, s'époumone à s'en faire péter les plumes devant probablement sa bien-aimée qui est là pas loin de lui et qui ... ne semble pas très charmée ! La route serpente en ondulant, et dans le ciel, au fond, des ... éoliennes, beaucoup d'éoliennes. Il y aura deux grands parcs éoliens dont l'un a été construit par GDF - Suez et l'autre par Endesa. Chaque parc affiche une puissance de 60 mégawatts. Pas mal ! En gros, cela équivaut à 25 000 installations comme celle que j'ai à Eysus en photovoltaïque. Mais cette puissance affichée veut-elle dire quelque chose ? Il vaudrait mieux dire combien de kWh par an sont produits. Car tout dépend de la force du vent et de son occurence. Tiens ! une camionnette dans les décombres ... On arrive en vue de l'océan. Ca devient très beau malgré les lignes THT. Je sors de la panam afin d'essayer de trouver un endroit où dormir. J'arrive à un village au nom compliqué Huentelauguen, et piste un restaurant qui m'a l'air sympa. Plat de pâtes avec poulet. Une chambre est disponible : ça fait l'affaire ! je vais pouvoir faire tout sécher dans les petites heures restantes. Le restaurant fait aussi épicerie. A la caisse, une charmante grand-mère avec un chapeau tricolore aux couleurs du ... Chili ! J'oubliais que, le matin, le Chili avait gagné le Honduras !

Alcones - Huentelauguen 102 km, 8h - 15h, +1380 m -1510 m

Jeudi 17 Juin 2010 : Très bon petit déjeuner avec deux oeufs au plat et du café. Aujourd'hui, ce sera court car les deux jours précédents ont été bien remplis en km. Je dois gagner Los Vilos qui ne se trouve qu'à 40 km. La route est belle. Le ciel est purgé. Le soleil fait chanter les oiseaux. Deux rapaces me survolent, tranquilles. Ils ressemblent à des éperviers. Puis, des ... vaches ! Oui, je suis très content de voir des vaches dans un grand pré. Ca rassure les vaches, je trouve, et c'est apaisant ! Puis des panneaux mentionnant l'interdiction de chasser, et cela ... sur des dizaines de km. Une belle grande mare est très habitée par plein d'animaux. Agréable de voir en fait une réserve naturelle en bordure de l'océan. Très belle baie à Chigualoco, et puis ... Los Vilos, une petite ville très touristique si l'on en juge par les hôtels, les restaurants et les cabanas qu'on y trouve. En marchandant un peu (diminution de moitié du prix), je trouve une superbe chambre avec grand lit, salle de bain privée en face de la baie, pour 7000 pesos. Presque envie de rester une nuit de plus ...

Huentelauguen - Los Vilos 43 km, 8h15 - 12h, +535 m -550 m

Vendredi 18 Juin 2010 : Nuit de pluie et de fort vent ! Temps pourri ! Qu'on est bien sous la couette dans une chambre ! ... Ce matin, à sept heures et demi, impossible de mettre le vélo dehors, c'est presque une tempête ! Au fond, c'est pas mal de rester une nuit de plus dans ce petit cocon où je suis. Dans la matinée, le vent s'est ralenti et la pluie s'est calmée. J'en profite pour aller à la banque changer un chèque de voyage, et pour me renseigner sur les bus pour Valparaiso demain. Il y a une ligne "inter-cités" avec un départ à 7h20. C'est fait pour moi on dirait ! Un musée du cuivre est à voir, parait-il, près du port et de la tête d'embarcadère située de l'autre côté de la baie. Le vélo est de sortie afin d'essayer de trouver un itinéraire pour y accéder : dédale de rues inondées et de pistes en terre surcreusées par la pluie torrentielle de la nuit ... Superbe, l'exposition ! Elle a été financée par le propriétaire d'une mine de cuivre qui fait travailler 7000 personnes. On y retrouve toutes les étapes de l'extraction avec une précision relative à l'acide sulfurique qui sert à amalgamer (si j'ai bien saisi) le cuivre. Bien sûr, on parle du Développement Durable (Soutenable), avec la pub qui montre que la mine de cuivre est du développement durable. Le mécène a encore financé l'achat d'une lagune qui borde l'océan et le musée, avec les paires de jumelles disponibles gratuitement pour voir la gent ailée batifoler dans ses eaux. C'est grand public, c'est pas mal et ... en plus, c'est une zone humide enregistrée dans le cadre de la Convention de Ramsar. Le soir, Mario, mon hôtelier, me raconte qu'il fut mineur durant 30 ans dans une mine de ... cuivre, au sud de Santiago. Elle employait 15 000 personnes ! Lorsqu'il est parti pour créer sa très belle propriété hôtelière avec plus de 20 cabanas, la production de la mine avait doublé mais avec trois fois moins d'employés ! Les machines avaient fait des progrès !

Autour de Los Vilos 65 km, 8h15 - 14h, +235 m -250 m

Samedi 19 juin 2010 : Le jour se lève à peine quand le bus passe. Le vélo rentre couché dans un des coffres. Il y a de la place pour les bagages mais le bus est plein comme un oeuf ! Les bus inter-cités nous ramènent à une réalité plus banale avec de vieux engins peu confortables, des bus comme on en avait en France il y a trente ans. Et pourtant, le tarif est plus cher que celui des bus plus confortables de Tur Bus et de Pullman. La route est toujours la panam jusqu'à La Calera puis bifurcation vers l'ouest pour prendre une quatre voies vers Viña del Mar et Valparaiso, une énorme conurbation qui s'étire le long du Pacifique sur une vingtaine de km. Au total, environ 130 km pour arriver à Valparaiso. Trouver une chambre n'a pas été très facile. Les prix étaient toujours de l'ordre de 20 000 pesos (soit près de 35 euros la nuit). J'ai fini par trouver à 7000 pesos mais une chambre noire et pas d'eau chaude ni ... d'araignée ! La première impression pour Valparaiso ... bôf ! Pour une ville inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO ! Je verrai lundi, jour de ma visite de la ville. Beaucoup de bâtiments de type colonial mais à côté de ça, beaucoup de constructions assez banales voire déplorables. En revanche, le centre grouille de monde. Alors ... j'ai cherché à avoir des informations touristiques, notamment une carte ... tout était fermé : sabado, et oui ... alors que ce sont les jours non travaillés qui sont les plus propices au tourisme, les bureaux de renseignements sont fermés ou sont dans la ville voisine Viña del Mar. Et pourtant, Valparaiso est un site Patrimoine Mondial ! Allez comprendre ! J'ai été renvoyé de la Région à la Municipalité aux agences de tourisme pour finalement trouver un bout de carte de la ville le soir grâce à un ... belge qui tient un petit restaurant avec sa femme péruvienne. En passant sur la place centrale à dix neuf heures, les cloches de la cathédrale ont sonné. C'était l'heure de la messe du samedi soir. Je suis rentré et ai assisté à la messe. Bien que ne comprenant pas tout l'espagnol (loin s'en faut !) j'ai cru assister à une messe au Pays Basque il y a 30 ans. Beaucoup de ferveur chez les paroissiens mais un prêche sur un registre très savant où l'on entend beaucoup de choses mais en dehors du temps, laissant penser que la religion est principalement quelque chose d'intime, et pas du tout reliée à la Vie. En tous cas, c'est l'impression que j'en ai eue. A la sortie, changement complet d'ambiance, sur la place et ses abords : les commerces étaient ouverts avec des petits marchands à la sauvette (c'est vraiment le cas de le dire car je les ai vus filer comme des lapins lorsque la voiture de police est arrivée !), des musiciens (de qualité), la toujours présente statue humaine qui bouge comme un automate lorsqu'on lui donne des sous, les jeunes qui font du roller skate, et les trottinettes à pédales pour les tout petits.

Los Vilos - Valparaiso bus, 130 km

Dimanche 20 juin 2010 : Je pars aux aurores pour Viña del Mar en prenant la route de la Côte Pacifique depuis Valparaiso. Peu de monde à cette heure mais suffisamment de bus et de voitures pour parfois me foutre la frousse tellement ils vont vite. Je ne réfléchis plus trop maintenant sachant qu'il vaut mieux que je roule assez vite sinon je zigzaguerais trop et je serais encore plus vulnérable. L'arrivée à Viña del Mar se fait sans transition aucune car tout est bâti tout le long entre Valparaiso et Viña. Il vaut mieux monter un peu sur les hauteurs pour avoir un meilleur aperçu. Une très belle vue se dégage d'une bute sur laquelle on peut tranquillement se poser pour casser un peu la croute et observer ce grand panorama de plus de 20 km de longueur. On y trouve tout ce qui peut être lié à la mer : port de pêcheurs, port de portes-conteneurs, port militaire, port de marchandises (pétroliers, minerais ...), port de voyageurs, plages aux multiples fonctions. C'est fou le nombre de personnes qu'on trouve faisant du jogging le long de la côte ! Puis ... je repense aux cartes et aux informations touristiques qui devraient être disponibles à la Place Centrale de Viña del Mar. Pour y arriver, on passe devant de luxueux immeubles en front d'océan. Et, miracle ! C'est dimanche, et pourtant je trouve le centre d'informations touristiques ouvert et, en plus, des personnes compétentes et de la documentation ! Les éclairages en biais du soleil donnent des visions très précises des contours côtiers. De belles et longues plages mais gâchées par les trop nombreux déchets qu'on y trouve. Au port des pêcheurs, c'est la vente aux particuliers, un assez gros marché qui permet aux pêcheurs de compléter leurs revenus, un peu comme à Arcachon où va Aitatchi "sans lunette". Viña del Mar et Valparaiso sont contigües mais totalement différentes : Valparaiso a l'inertie de l'âge, Viña del Mar est organisé avec plus de réalisme. Demain, c'est la fête ! ... le foot : Chili contre Suisse !

Valparaiso - Viña del Mar 64 km, 7h15 - 14h, +255 m -240

Lundi 21 Juin 2010 : C'est la fiesta au Chili aujourd'hui ! Un match à ne pas perdre, contre les Suisses. Avant d'être avec les chiliens au bistrot, je suis monté dans un des téléphériques qui caractérisent un peu cette ville de Valparaiso. Ce sont d'antiques montes-charges. Celui que j'ai pris - Espiritu Santo - a été installé en 1902, et a finalement peu ou pas changé depuis : une cabine en tôle pour environ six personnes, montée sur quatre roues métalliques de petit diamètre, et tractée par un gros cable en acier. Lorsqu'une cabine monte, l'autre descend. On les appelle aussi ascenseurs car les cabines montent pour ainsi dire à la verticale, les roues portant sur deux rails d'époque ! Ca permet de gagner en gros une cinquantaine de mètres de dénivelée pour joindre les hauteurs de Valparaiso où sont empilées de nombreuses "maisons" avec des rues qui grimpent droit comme c'est pas possible. On trouve des peintures murales "d'artistes" de plus ou moins bon goût, des sculptures en bronze (assez chouettes) à la "Place des Poètes", une des maisons de Pablo Neruda, grand poète chilien (maison qui se visite mais pas le lundi). Bien sûr, la vue sur la baie est éblouissante mais gâchée par des quantités de fils électriques dans tous les sens. Pas mal de bâtiments anciens ont souffert du terremoto de février dernier, au point d'en interdire l'accès (comme pour le musée d'histoire naturelle que je voulais voir). Mais ... le match a commencé ! Les rues de Valparaiso bourdonnent de la trompette de la coupe du monde. Je m'installe au bistrot pour vibrer un peu dès que les chiliens tirent dans les buts des suisses. J'ai crû voir un joueur remplaçant suisse qui avait comme prénom "Tranquilo" ... On aurait dû appeler Thomas comme ça ! Enfin, ca y est, le but est marqué, pour de bon cette fois-ci : Viva El Chile. Dehors, dans les rues, c'est la folie (mais moins que dans la capitale quand même !). Sympa ce sentiment qui ressort dans ces moments paisibles de nationalisme exacerbé. La visite vers le port s'impose. D'énormes bâtiments (le mot est presque faible) ponctuent les rues principales dans des styles très tourmentés, avec des pièces aux hauteurs de plafond qui ne font pas moins de 6 mètres (mais ils ne chauffent pas). Plaza Sotomayor ... à voir absolument, avec un très beau palais de l'Armada en cours de restauration, une immense et belle statue en l'honneur de Prat, le libérateur du Chili gardée par la Marine. Quelques places aèrent un peu cette ville coincée entre l'océan et les collines proches. La Fête de la Musique bat son plein un peu partout. On a le choix dans les styles, selon la place. Mais ... le Chili a gagné aujourd'hui ! Alors, tard dans la nuit, on entendra encore de sacrées ... trompettes !

Mardi 22 Juin 2010 : Il reste deux jours de route pour atteindre Santiago, le point ultime de ce voyage, des jours redoutables par les risques liés à la circulation qui ne cesse pas d'augmenter au fur et a mesure que l'on se rapproche de la capitale. C'est une autoroute accessible aux cyclistes car il n'y a pas d'autres possibilités. Ce mardi, je pars de bonne heure pour éviter la cohue de Valparaiso et de ses environs. La sortie est assez évidente sur le papier, un peu moins entre chiens et loups. La chaussée n'a pas été refaite depuis une éternité d'où des trous énormes aggravés par les bus de ville qui roulent toujours à fond ! Des feux ... des bus encore, des arrêts brusques avec coups de volant à droite sans avertir par clignotant. Malgré l'heure matinale, c'est l'équivalent d'une heure de sortie du travail. Je redoute, un grand bus double me dépasse et ... s'arrête subitement en me serrant à droite contre le trottoir. Frein à fond, je reste coincé par les sacoches entre bus et trottoir. Je cogne avec les poings la tôle du bus. Le bus repart comme si le chauffeur ne s'était rendu compte de rien. Plus de peur que de mal ! Je réussis à rattraper le bus à un feu, et fais signe au chauffeur en lui montrant qu'un rétroviseur et un feu clignotant ça peut être utile ! Sa réponse est de me dire que je n'avais qu'à rouler de l'autre côté de la route sur une voie latérale. Cela doit lui paraître une raison suffisante pour me coincer contre le trottoir ! La sortie Est de Valparaiso sur la "D68" qui la relie à Santiago est en pente forte, d'où vitesse lente du Mulet avec évidemment un peu de zig-zag. A plusieurs reprises, je pense m'arrêter pour prendre le bus ! Cette autoroute de sortie de grande ville présente de nombreuses voies latérales d'où, pour les cyclistes, des difficultés pour traverser tout ça sans trop de danger. Concentration maximale sur le guidon en évitant de trop regarder dans le rétroviseur pour ne pas me faire trop peur ... Tout ca finit petit à petit par diminuer d'intensité. Au bout de 30 km, ça devient supportable. Mais, il y a ces tunnels interdits aux vélos ... Je voudrais passer le premier aujourd'hui : le tunnel de Zapata ! Je me poste au péage pour faire du stop pensant qu'un pick up Toyota ou Nissan fera l'affaire pour me transborder de l'autre côté du tunnel. Cinq minutes après, un employé de la concession routière me propose voiture de service et chauffeur ... gratis ! Sympa ! A la sortie, je vois en face de moi de belles montagnes enneigées ... très bas. Le ciel est sombre mais le temps tiendra, sans pluie. Pause casse-croute. Puis, randonnée tranquille entre les boulons et les restes de pneus pour finalement sortir à environ 70 km de Valparaiso. Ce soir, je reste au village de Curacavi (joli nom !). La place centrale grouille de monde avec beaucoup d'hommes casqués et en gilet orange. Ce sont les travailleurs d'un gazoduc en construction. 300 personnes sur ce gazoduc qui va relier Santiago au port de Valparaiso . Mais ... pas une chambre de libre ! Je suis contraint à demander un bout de terre pour poser ma tente. Mais, ne passant pas inapercu, quelqu'un finit par m'indiquer una habitacion possible. Superbe et pas cher ! avec - ce qui ne m'était jamais arrivé au Chili - trois serviettes de bain et un savon ! J'aurai même droit à 25 cl de vin rouge "el gato" ! La Fête !

Valparaiso - Curacavi 72 km, 7h15 - 13h, +890 m -625m

Mercredi 23 Juin 2010 : Le réveil est facile ... dernier jour de pédales ! Adios Curacavi. L'accès à l'autoroute est aisé. Le soleil est absent mais il ne pleut pas. Je sens bien que tout va se passer sans encombre. Pas trop de circulation. Certes, ça monte un peu mais le paysage est vert, les arbres sont là, je vois le passage où doit se trouver le deuxième tunnel. Pause casse-croute avant la rampe d'accès. Quelques montées d'adrénaline tout de même dans les virages où il n'y a pas de bas-côtés. Seule une ridelle métallique souligne les courbes et m'empêche d'empiéter sur la bande de terre. Le problème est que dans les courbes je suis quasiment invisible de derrière pour les véhicules qui arrivent ... vite. Mais ce n'est pas le dernier jour que je vais me faire accrocher ! A l'entrée du tunnel, pas de maison donc pas de véhicule de service en poste. Je prends le téléphone de secours : buenos dias ! ... je dis que je suis en vélo à l'entrée nord du tunnel. No problema. Le véhicule de service vient me chercher. La sortie du tunnel se fait tranquille, avec presque un peu de soleil. Mais les montagnes sont bigrement enneigées derrière Santiago. L'entrée de la capitale se fait comme pour toutes les grandes villes, assez progressivement, avec une banlieue un peu longue à passer. Mais l'autoroute file droit. Arrivé à la station des bus, je tourne un peu dans le quartier pour finalement trouver una residencial. La pluie se met à tomber. Je suis arrivé à Santiago ... entier ! Deux mois pour un peu plus de 4000 km en vélo et environ 900 km de camion, bus, voiture. Plus de 30 000 mètres de denivelée positive dont la moitié pour le seul Pérou (pour moins de 1000 km). Quelques kilos en moins mais ... que je vais m'empresser de récupérer.

Un grand merci à tous pour vos encouragements !

Curacavi - Santiago 65 km, 7h30 - 13h, +495m - 215m

Jeudi 24 Juin 2010 : Tranquilo ! ... Pouvoir un peu flâner ... Santiago est vraiment une vraie et intéressante ville. Quelques 6 a 7 millions d'habitants, une histoire qui se voit sur les avenues plutôt défoncées, et sur les monuments. Mais le tremblement de terre force 8.8 de février 2010 à Conception, a beaucoup secoué les bâtiments anciens comme la Cathédrale et l'ex Assemblée Nationale (avec des parties interdites à l'accès pour raison de sécurité). Du coup, on a mis les députés à Valparaiso, cette ville qui aurait besoin d'un bon urbaniste car il y en a du travail pour retaper cette ville plombée par les ans ! ... J'adore les marchés. Je file - à pied - vers le marché central. Un bonheur pour les cuisiniers qui aiment le poisson : ça déborde de partout sur les étals. Je regarde un peu pour les petits cadeaux habituels. Je discute pas mal et ... on me propose de déjeuner à l'oeil ! Un couple très intéressé par le voyage que j'ai fait, qui vend plein de plantes séchées, et des vêtements faits de façon artisanale. Du coup, je leur achète un très bon gâteau. Du coup, ... ils me donnent deux adresses où l'on mange simple et bien. Enregistré comme il se doit et, le soir, je réussis à trouver dans le noir El Hodje où, sur les conseils d'un ingénieur chimiste qui se trouve à la residencial, je déguste une très bonne langue de boeuf avec des pommes vapeurs et un ... terremoto (qui est une sorte d'apéritif passe-partout meilleur que le Pisco). Très très bon (la langue était entière, soit environ 400 g). Mais il manquait quand même la petite sauce aux câpres qui aurait sublimé le plat ! Sinon, le Mulet a subi une petite douche (le sel m'a, à de nombreuses reprises, bloqué le fonctionnement du compteur). Toutes les denrées en secours, les huit litres d'eau, le litre d'essence, qui ont fait le trajet Lima-Santiago sur tout le parcours sont donnés à la femme de ménage de l'auberge ... du poids en moins pour l'avion ! ... Il me tarde de rentrer maintenant ...

Vendredi 25 Juin 2010 : Ca me fait drôle de ne pas prendre le vélo ! Mais quel bonheur de se promener dans le centre-ville de Santiago. Je change un peu d'argent. Au Chili, on ne peut pas changer dans toutes les banques (sauf si on est client de la banque) et encore moins changer des euros (c'est le règne du dollar US). Il faut aller dans des casas de cambio spécialisées dans le change des monnaies, et avec des taux de change différents. Tout Santiago est sur son 31 avec le match de 14h30 contre l'Espagne. Les drapeaux, chapeaux, banderoles, maquillages corporels aux couleurs bleu, blanc, rouge sont partout ... comme la police d'intervention également avec casques, matraques, boucliers et autres équipements habituels (mais c'est impressionnant de les voir groupés aux angles de rue derrière les boucliers comme si on était en état de siège alors que tout est normal). Laurent arrive à 14h30 l'heure du match, mais finalement on ne va à l'aéroport chercher le carton du Mulet que demain samedi. Ca tombe bien pour le match. Mais les retrouvailles avec Laurent font que nous papotons comme des concierges sans même voir les buts ! ... et oui, le Chili a perdu mais tout le monde est qualifié ! Ca fait penser au jeu des enfants où tout le monde obtient la note de 10 sur 10 !

Samedi 26 juin 2010 : Ouah ! Que c'est bon un vrai lit de 180 ou 200 (je ne sais pas, tellement c'est grand) ! ... et un petit-déjeuner extraordinaire (café, jus d'orange, ananas, oeufs brouillés avec jambon, cake, jambon, fromage, crème au caramel ... que j'ai avalés sans difficulté aucune). Nouvelle visite en centre-ville mais tout ouvre en réalité vers 11h ! Je réussis à trouver du plastique collant pour museler le carton du Mulet. Je vais rendre un petit bonjour au couple du marché qui m'a invité hier, et rentre à l'hôtel pour le rendez-vous avec Laurent. Superbe voiture (mais ici pas de taxe et tarif en gros moitié prix par rapport à ce qu'on paie en France). On file sans bruit à l'aéroport. Beaucoup de voitures dans les parkings. Le carton est acheté et emporté. Puis, j'invite Laurent à déjeuner. Très belle carte de restaurant avec ce que nous avons choisi. Tout au poisson : entrée avec du Ceviche, des filets découpés de poisson cru mais cuits dans l'huille avec carottes, oignons ; suivi d'une excellente préparation de Corviña, ce poisson que j'avais déjà dégusté à la Caleta de Chañaral le soir de la fantastique journée des dauphins, loups de mer, pingouins de Humboldt, baleines. Un original Chardonnay soulignait le tout, très typé un peu à la manière d'un Pouilly fumé. Royal ! Le soir, je suis invité dans la famille de Laurent : trois enfants, une épouse togolaise. Vive l'Afrique ! Cuisine et présentation de la table très raffinées ! D'autres invités français : un couple d'enseignants au lycée français de Santiago (2200 élèves !) et beau-frère et belle-soeur de Laurent qui opèrent dans la construction de routes (groupe Vinci). Merci Laurent ! Mais que la France gagnerait à être un peu mieux connue ! Ne serait-ce que par la télévision ! Pas de TV5 Monde, pas de France 24 dans les trois pays où je suis passé. Dommage ! Ce n'est pas une erreur, c'est une faute.

Dimanche 27 juin 2010 et Lundi 28 Juin 2010 : Ca y est, le départ mais en avion cette fois-ci ! Le Mulet est mis en sommeil dans son carton bien rembourré par une bonne partie des affaires portées dans les sacoches, avec du scotch américain pour lui clouer le bec mais ... je n'en ai pas assez ! Dimanche, tout est fermé bien sûr ! Un employé de l'hôtel finit par me trouver du collant un peu large. Le Mulet est muselé pour de bon mais, à la pesée à l'aéroport ... 31 kg ! et pourtant j'ai allégé au maximum en laissant la nourriture de survie de trois jours, le litre d'essence, les 12 litres de liquides, le savon, la mousse à raser, le rasoir, le dentifrice, la brosse à dent, et j'ai bourré au maximum une sacoche que je prends en cabine qui fait autour de 10 kg. Comme quoi avec les 17 kg du vélo, j'étais plus dans les 60 kg que dans les 50 kg ! Heureusement pour le Mulet que j'ai pas mal maigri ! Laurent le diplomate est encore aujourd'hui mon chauffeur avec son superbe carrosse. Pas trop de problème à l'aéroport sauf que, contrairement à l'aller, l'employée me fait payer l'excédent de 8 kg (31 kg pour les 23 kg autorisés) : 100 dollars (pas d'euros s'il vous plait). Sur moi, j'ai mis un maximum de vêtements avec polaire et anorak. Champagne ! Oui je l'ai bien mérité. Air France me l'offre. L'avion Boeing 777 est plein. Les fauteuils sont beaucoup moins confortables que sur Airbus. Est-ce parce que je suis moi-même moins rembourré ? 12500 km jusqu'à Charles De Gaulle. Surprise en sortant : il fait très ... chaud ! J'ai une heure et demi avant l'avion de Pau, mais ... ce sera juste ! C'est une marche interminable dans les couloirs, un bus-navette que j'ai attendu durant 20 minutes, puis des embouteillages liés à des travaux entre les terminaux 2E et 2G. Restent 15 minutes avant le départ ! Je cours. Mais il faut à nouveau passer par le contrôle sécurité ! Ouf ! je finis par m'asseoir dans le siège du Foker. Décollage avec plus d'une demi-heure de retard sans explication. Je m'endors après avoir bu le jus de tomate au sel de céleri. L'arrivée à Pau est un peu brumeuse mais beaucoup de chaleur dans tous les sens du terme car Elie est là, le petit Baptiste me fait la surprise avec Maïté et Michel Mousquès, et ... le Mulet arrive dans un carton un peu éclaté mais apparemment sans casse. Eysus est toujours à sa place avec le jardin totalement envahi, presque méconnaissable. Elie m'a acheté quelques provisions ainsi que Laure (qui a tout donné à Baptiste) et encore des victuailles données par Maïté et Michel. Il est aux environs de 16h. Je me fais un ... café au lait avec des tartines grillées habillées de la moitié d'un pot de gelée de groseilles ramassées par Dominique. Sans café au lait et tartines grillées depuis deux mois, c'était pas une vie ! Succulent ! Premiers coups de fil à la famille. Tout rentre dans l'ordre. La boucle est bouclée.

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25 septembre - Enfin, de la très belle piste ...

Chambre très bruyante à Chao. Les camions prenaient un péage pour passer la nuit dans le grand parking ... contre ma chambre. Toute la nuit, moteur, gaz d'échappement ... Mais, la douche chaude était en parfait état de fonctionnement. Douche électrique comme toutes celles que j'ai eues depuis Quito. La sortie de Mocha est simple : on est de suite sur la panam mais avec seulement deux voies et, de temps à autre, un bout de chaussée possible pour les vélos. Mais ... la circulation des poids lourds et des bus est telle que l'on est obligé de mordre en permanence les cailloux, les saletés, les trous, les bosses. Ca dure une vingtaine de kilomètres avec de nouveau des eucalyptus et toujours des agro-industries "soutenables".

Carrefour à gauche : c'est la piste qui permet d'accéder au village de Chuquicara 60 kilomètres plus loin. Une barrière avec police à l'entrée de cette piste : on entre, d'après le panneau, dans le pays de la liberté ! Quel bonheur enfin de n'avoir quasiment plus aucun véhicule, la piste pour soi tout seul ! Pas tout à fait : je surprends trois cyclos comme moi qui ont campé là cette nuit. Jean, Handy, Eva sont là que j'avais vus chez Lucho à Trujillo. Ils m'offrent le café. Ils viennent du Mexique. La Colombie leur a laissé un merveilleux souvenir, contrairement à la réputation faite par les médias. Ils devraient suivre le même itinéraire que moi par le canyon del Pato. Je file, tout requinqué par le café et cette rencontre. Magnifique matinée, du soleil (pas trop), du vent arrière (un peu), de la piste comme aime mon Mulet. Il est impérial sur ce type de chaussée caillouteuse, sableuse, avec ses gros et larges pneus Marathon. C'est le désert jusqu'au Rio Santa où, là, un grand canal d'irrigation permet de très grandes cultures de maïs et de riz. Très belles rizières avec des petites parcelles tout en courbes. Ma tablette m'a bien servi car plusieurs carrefours peuvent être piégeants. Le fait de savoir très précisément où l'on est avec le GPS intégré à la tablette sur fond de carte Google Maps (et Earth) permet à coup sur de trouver le bon carrefour où tourner. On remonte la rive droite du Rio Santa durant une quarantaine de kilomètres jusqu'à un pont métallique avec de grosses traverses en bois espacées de plusieurs dizaines de centimètres, qui permet de rejoindre la rive gauche du Rio Santa où passe la route asphaltée. La police est là, très présente en général au Pérou dans les endroits stratégiques. Dix kilomètres plus loin, on trouve le tout petit village de Chuquicara. Dix km de trouille cette fois-ci non pas à cause des camions mais parce que la route est taillée dans des dépôts (marins ?) de plusieurs centaines de mètres de haut. Du coup, j'ai roulé tout le temps à gauche (la falaise surplombant parfois même le côté droit de la chaussée). Arrivée vers 14 h : pollo al horno, riz, salade, bière. Chuquicara est situé exactement au débouché de deux vallées dont celle qui mène au Canon del Pato : donc beaucoup de vent en permanence. J'opte pour un abri en dur : une pièce avec un lit sans drap ni eau ni électricité pour 15 soles : cher, mais le propriétaire m'a fait pitié (soi pobre ...). Pas d'internet bien sûr.

Demain, grande journée j'espère. Le plus dur sera la traversée des tunnels les plus longs qui sont en courbe montante et ... pas très larges.

Chao - Chuquicara 87 km 7h - 14h30 +795 m -383 m maxi 522 m

26 septembre - Tape-cul ...

... durant 58 km de piste, caillouteuse à souhait. Sans amortisseur, les reins en prennent un coup. C'est la première partie du Canon del Pato aujourd'hui. 12 tunnels, des gorges aux parois redoutables car immenses et peu compactes. On a l'impression que tout va tomber. Départ de ma chambre d'enfer (avec des cafards !) dès 6h30. Je sais que la journée va être dure. Tranquilo au début : faut bien se réveiller ! Les premiers tunnels - courts - sont bien là, en bordure du torrent tumultueux Rio Santa, tout gris et marron. Deux véhicules ne peuvent pas se croiser. Mais les véhicules roulent avec prudence. Dès l'entrée dans le tunnel, c'est un coup d'avertisseur et tous phares allumés. Dans plusieurs tunnels, je me suis trouvé avec des camions en face. Pas de grosse difficulté pour se croiser : je me plaque contre la paroi, le camion avance, me fait signe de continuer. Todo va bene.

Dure, dure la piste avec ... la tôle ondulée qui vous fait sauter de la selle à chaque demi-coup de pédale. Chaud, très chaud, la chemise à manche longue est enfilée pour éviter les cloques aux bras. Le chapeau est vissé très bas pour essayer de préserver le bout du nez. Soif, très soif, je bois régulièrement pour éviter la déshydratation. Je croise une mine de charbon - ou ce qu'il en reste -, quelques troupeaux de brebis, des cultures de maïs. Pas grand monde en fait dans ces 60 km de gorges. La pente devient rude vers la fin surtout que l'on saute tout le temps d'un caillou à l'autre ... Voilà le village tant espéré : Yuracmarca. Des travaux sont en cours, transformant le village en un nuage de poussières permanent. Soif, faim : un restaurant. Gagné : ici la bière est en bouteille de 63 cl. Il en faudra deux d'ici le dîner. Poulet traditionnel. Chambre très sobre comme hier, sans drap, mais je pense sans cafard ; 12 soles. Un haut-alpin en vélo ! Oui, un accompagnateur de montagne qui prend quatre mois à vélo en solitaire. On va longuement papoter au dîner ce soir.

Chuquicara - Yuracmarca 58 km 6h30 - 15h +958 m -157 m maxi 1450 m

27 septembre - tunnels, tunnels ...

48 tunnels au total (12 traversés hier) pour 110 km de piste pour le Canon del Pato. Un beau morceau à franchir. Hier soir, la soirée a été très sympathique avec le Haut-Alpin d'adoption puisqu'il s'appelle Hervé de Berterèche, et a une maison familiale près de Mauléon dans les Pyrénées-Atlantiques. Hervé a été un jeune retraité militaire, est devenu accompagnateur de montagne, s'est fixé avec son épouse à Chauffayer dans le Champsaur, où ils ont construit une maison en structure bois, ronde, tournant avec le soleil, qui sert de gite. Dominique reconnaîtra bien ce dont il s'agit puisque nous étions allés voir cette maison. Le monde est donc très petit ! Hervé continue son périple vers le nord du Pérou mais en choisissant plutôt un itinéraire plus amazonien que côtier, puis l'Equateur, la Colombie, pour finir à Caracas au Vénézuela. Chaque année, Hervé fait un bout de tour du monde à vélo.

Ce matin, je pars plus tôt car je préfère de loin l'ombre au soleil pour pédaler. Une descente longue d'abord vers Huallanca 12 km plus loin, où se situe une grosse usine hydroélectrique. Puis, une très forte montée dans des pentes où jamais on n'aurait construit de piste en France, les virages se succédant l'un sur l'autre avec des pourcentages qui nécessitent le plus petit développement, et ... surtout à ne pas oublier pour les véhicules : faire marcher son avertisseur ou ... la musique à tue-tête ! Quelques endroits pour se garer car deux véhicules ne peuvent pas se croiser. Ca monte cahin-caha. Le coca se vide très vite, la chaleur devient caniculaire. Les parois du Canon del Pato sont terrifiantes car immensément hautes et profondes, très instables et la piste ne permet jamais de rouler à deux véhicules de front.

On est vraiment petit petit ! Les tunnels sont avalés du 13ième au 48ième, au début avec beaucoup de prudence et de crainte, la frontale allumée ; puis, les véhicules étant toujours plein phares et avertissant, le franchissement devient un jeu car tout le monde est très attentif, le moindre accrochage pouvant vite devenir catastrophique. Lorsque le Canon se termine, la vallée s'élargit, et la route devient ... asphaltée ! Que c'est bon pour le dos de ne plus sentir les coups pointus des cailloux. Les champs font leur apparition avec de la polyculture (avocats, maïs, pommes de terre ...), quelques petits troupeaux de brebis et de chèvres. Longues montées ... chaleur étouffante.

La bifurcation vers Mato est laissée à droite. Caraz, le gros village, but de cette étape, apparaît avec, à gauche, les sommets enneigés du Nevado Pisco et des Nevados Huandoy qui se cachent un peu derrière les nuages. Un très bel Hostal me tend les bras. Je négocie un peu le prix. Deux nuits, ce doit être nécessairement moins chers que deux fois une nuit (2 x 30 = 50 soles, pour ... moi). Soif, faim, douche ... Tout est bien.

Grande étape que ce Canon del Pato, même si, au plan paysager, en accord avec Hervé, ce n'est pas exceptionnel comme par exemple les vallées argentines et chiliennes que j'ai traversées il y a un an. Les 48 tunnels sont vraiment un chantier titanesque surtout lorsqu'on imagine les moyens utilisés pour les creuser. Peut-être le ciel va-t-il me permettre quelques belles photos des cimes enneigées tout là-haut à plus de 5000 mètres, pour rêver ?

Yuracmarca - Caraz 58 km 6h30 - 13h30 +1290 m -350 m maxi 2284 m

28 septembre - Caraz ... un feu d'artifice quotidien ..

A Caraz, c'est une réalité. Mais, on ne voit rien. Il y a une entreprise qui fabrique des feux d'artifice. Tous les soirs, la petite ville de Caraz est assommée de grands coups d'explosifs mais sans voir quoi que ce soit. Angoissant lorsqu'on ne sait pas, plutôt rassuré lorsqu'on a vu l'entreprise, pignon sur rue. Caraz est un balcon pour contempler les faces enneigées et glacées des Huandoy.

Ce matin, ciel bleu. La vue est magnifique avec même un aperçu des deux sommets du Huascaran. La petite ville se réveille au bruit des petits triporteurs, ces motos quatre temps équipées d'une banquette arrière avec capote intégrale et porte-bagage arrière qui sert souvent à deux ou trois personnes supplémentaires debouts, ou à transporter des colis hors norme. Quelques voitures-taxis, des collectivos - ces minibus souvent en surcharge, sont en attente de clients dans un parking près de la plaza de Armas. Changement à noter : Caraz est une ville propre, du moins pour le centre. Les rues sont balayées à l'ancienne, avec un balai. Un gros marché se tient près de l'énorme église qui domine la plaza de Armas. Le marché semble toujours ouvert et occupé. Les gringos sont, bien sûr, remarqués et gentiment moqués. Le costume traditionnel est surtout porté par les femmes, toujours très coloré, avec sur la tête - à la différence de l'Equateur - un énorme chapeau très haut qui fait un peu haut-de-forme. Les prix du marché ne semblent pas plus avantageux que ceux des boutiques trouvées dans les rues. Une rue Villar ! Décidément ce nom se trouve dans beaucoup de pays. J'entends mon prénom ! Ce sont Jean et Eve, le couple slovaque qui a suivi le même itinéraire à vélo. Leur ami Handy a déclaré forfait. Je m'en doutais un peu lorsque j'ai vu son vélo équipé de tout petits pneus, et la piste très dure remontée au Canon del Pato. Ils sont fourbus. Pour changer un peu, ils prévoient un trek de quatre jours dans la montagne.

29 septembre - Laguna Paron ... double ration pour le Mulet

Superbes, ces lacs d'altitude à 4000 mètres. La Laguna Paron est de ceux-là. La vue d'une photo truquée (je ne l'ai su qu'après) à l'hôtel Laguna Grande où j'étais, avec la légende "Alpamayo" belle pyramide au fond de la Laguna Paron, m'a vite fait décider de la balade d'aujourd'hui. J'ai prévu de combiner une montée de 19 km en voiture jusqu'au village Paron puis 15 km de vélo tout-terrain puis la descente totale en vélo des 34 km plus une quinzaine de kilomètres asphaltés jusqu'à Yungay. Ca "doit le faire" comme on dit dans les Hautes-Alpes.

Rendez-vous a été pris hier avec un chauffeur de taxi à 6h30. Je regarde bien l'itinéraire (piste ...) de montée du taxi puisqu'il faut que je le prenne à la descente en vélo. Toute la montagne est travaillée : cultures multiples (maïs, pommes de terre, poireaux, choux ..., fleurs !), bétail très varié (moutons, chèvres, poules, cochons, vaches, ânes ...), plantations d'eucalyptus. La pente est toujours aussi redoutable : toute la terre se travaille sans moteur. Les habits traditionnels sont bel et bien portés tous les jours. La voiture s'arrête au bout du village. Une heure de montée. J'ai harnaché le vélo avec le minimum mais c'est quand même quelques kilos, le reste attendant à l'hôtel. Il s'ensuit 15 km de piste d'enfer qui s'enfile en zigzag dans une gorge relativement étroite (la quebrada). Tout roule sous les pneus Marathon. L'équilibre est à la limite car ça monte très fort. Je dois me pencher plus que d'habitude sur le guidon pour éviter que la roue avant se lève. Je fais le point avec ma tablette magique pour savoir si je suis bien sur le bon itinéraire : on attend le positionnement des satellites pendant 40 secondes, puis - milagro - le point bleu du positionnement GPS apparaît, pile sur la piste, avec l'habillage en trois dimensions par les photos Google Earth. Un monument de technologie ce résultat, lorsqu'on connait tous les défis qu'il a fallu résoudre ! Trois heures après, le but est atteint. Surprise, le niveau d'eau de la Laguna Paron a été abaissé d'environ 70 mètres (les couleurs des rochers en attestent) pour éviter une trop forte pression sur la moraine qui ferme le lac, moraine qui prend naissance au glacier du Huascaran Nord. Pas de chance, les nuages (blancs certes) sont de sortie et emmitouflent au trois quarts les pointes des Huandoy et les sommets voisins dont la fameuse pyramide dénommée faussement sur la photo Alpamayo. Le paysage de montée vaut au moins autant que le spectacle de la Laguna. On est ici dans le parc national du Huascaran (ticket de 5 soles).

La descente des 34 km s'est faite freins serrés crissants, le vélo pliant de tout son cadre mais retombant toujours bien sur ses pattes. Costaud le Monsieur ! L'asphalte, mais ... quel plaisir, ça glisse tout seul, le vélo ne dit rien. Rien à voir avec les rétablissements infligés au Mulet pendant cette longue et douloureuse descente. 14 h à l'hôtel de Caraz. Je mets toutes les sacoches. Direction Yungay, quelques 15 km plus loin que Caraz. Un petit clin d'oeil au passage sur ma gauche vers le Huandoy qui apparaît sous un angle différent. Yungay, ville toute neuve, reconstruite après la terrible catastrophe de 1970 qui a fait de 10 000 à 20 000 victimes selon les sources.

Caraz - Laguna Paron - Yungay 72 km vélo +1120 m vélo - 1825 m vélo

30 septembre - Yungay, ville martyre

En 1970, j'étais étudiant à l'Université de Bordeaux. Un Péruvien était dans mon année. On parlait souvent de montagne. En juin, il m'annonça qu'une tragédie s'était abattue dans les Andes, dans son pays, faisant des dizaines de milliers de victimes. Je crus qu'il plaisantait. Aujourd'hui, j'ai visité l'emplacement de l'ancienne ville de Yungay, terrassée par des laves torrentielles venues du Huascaran à la suite d'un très violent tremblement de terre (intensité 7.8) qui eut lieu le 31 mai 1970. Il ne reste rien que des débris apparents dont un bus uniquement reconnaissable par la ferraille, un morceau de mur de l'église. Des croix tombales un peu partout, probablement à l'emplacement des maisons. Tout a été laissé en l'état sans fouilles. La ville a été reconstruite en contrebas versant Nord. Un imposant cimetière a été bâti tout en hauteur, en forme de monument pyramidal circulaire, renfermant les victimes retrouvées, avec un étage par quartier. Le tout est surmonté d'un immense Christ, les bras ouverts, regardant le Huascaran. Emouvante, bien sûr, une telle vision. Mon ami péruvien avait donc dit vrai. On comprend mieux, dès lors, les précautions et la surveillance active des moraines qui retiennent les lagunas d'altitude ...

Des chants et des bruits de pas martiaux : ce sont les apprentis policiers de l'école de Yungay qui arpentent la ville. Mon hôtesse Rusula m'a servi un petit-déjeuner avec un verre de vrai jus d'orange, une tortilla, une marmelade maison, un vrai café "muy rico". Du coup, je vais rester une nuit de plus. L'hostal Gledel que tient Rusula m'avait été recommandé par Hervé de Berteretche. Il accueille pas mal de travailleurs. Dans la famille de Rusula, tout le monde est dans l'enseignement. Je croise des tchèques en camping-car qui viennent du Canada et comptent aller jusqu'à la Terre de Feu ...

Le vélo a été inspecté. Les freins ont pas mal souffert hier. La chaîne a été un peu brossée et huilée. Le dérailleur devient un peu fainéant en réagissant un peu à retardement. Espérons que tout ce matériel qui commence à en avoir vu pas mal, continuera à remplir les services demandés. L'itinéraire classique pour gagner demain les Lagunas Llanganuco m'a été déconseillé par la tenancière de l'Hostal Gledel car trop chaotique pour le vélo. Je prendrai donc l'itinéraire de Rusula demain aux aurores. Mais ... le temps s'est fortement couvert. Je comptais monter en vélo aujourd'hui sur les montagnes d'en face les deux Huascaran (coté Cordillère Noire) pour prendre des photos. Inutile ! La guigne de l'Equateur serait-elle encore active au Pérou ?

1er octobre - Keushu, Llanganuco ... mais le Huascaran est resté caché !

Une belle boucle réalisée ! Et pourtant, je ne comptais pas trop partir. Hier soir, j'étais au lit. On tape à ma porte : "Lluvia !" La pluie se met à dégouliner de partout. Je mets mon vélo dans un coin un peu à l'abri. Ce matin, 6 h, le ciel a l'air assez serein. Des nuages certes mais pas de pluie. Mais, le miracle ne s'est pas produit. Les Huandoy et autres Huascaran n'ont pas daigné sortir leur écharpe blanche de toute la journée.

J'ai finalement fait une boucle comme me l'a recommandé Rusula. La montée s'est faite par le Nord en allant rendre visite d'abord à la petite, toute petite, Laguna Keushu (il n'y a presque plus d'eau), puis en pénétrant dans la Quebrada de Llanganuco, un peu à la façon de la laguna Paron. Péage bien sûr (5 soles soit moins de 2 euros - on ne se ruine pas) à l'entrée du parc national du Huascaran. Puis, longue montée très chaotique - même pour les véhicules à moteur -, sur la rive droite, avec force lacets très ingénieusement tracés. L'arrivée à la laguna Llanganuco Chinancocha se fait à la façon dont on ouvre une fenêtre : enfin ... on respire mieux et ... ça ne monte plus sur ces satanés cailloux et rochers. Seul là-haut, émerveillé par la couleur vert émeraude des eaux, je poursuis un peu le long du lac pour peaufiner les angles de prise de vue. Comme à la Laguna Paron, on trouve les très beaux et originaux petits arbres quenual qui se caractérisent visuellement par un tronc à l'écorce très rouge et très effeuillée.

La montée des 31 km a été très longue, un peu plus de cinq heures de piste. Je redoutais la descente pour le vélo. Les freins toujours serrés, elle a presque duré autant que la montée. Après 10 km, j'ai opté pour la piste classique de montée des véhicules, traversant des villages très typés avec même une fiesta qui m'a permis de boire la chicha, une boisson non alcoolisée à base de maïs : très agréable quand c'est frais. Dans un autre village, des ébénistes refaisaient la double porte d'entrée de l'église : du joli travail de sculpture dans du cèdre. Mais, surtout, au cours de cette descente, j'ai pu bien voir le cheminement des laves torrentielles depuis les pans glacés du Huascaran (Nord) jusqu'à la localisation de l'ancienne ville de Yungay. La piste ne laisse place au béton des rues que dans le centre de Yungay. Tout d'un coup : le vélo ne dit plus rien, la selle devient presque confortable, les mains se relâchent ... On est arrivé ! Une performance correcte avec près de 2000 mètres de dénivelée positive sur piste à 4-6 km/h, et à peu près autant en descente. Curieux : je n'ai presque pas bu et n'ai pas eu soif. Ce soir, je n'ai même pas pris la bière habituelle mais ... le poulet/frites/salade, oui !

Yungay - Laguna Keushu - Laguna Llanganuco Chinancocha - Yungay 63 km +1980 m -1912 m maxi 3900m

2 octobre - Les Huascaran lèvent un peu le voile ...

Je suis parti de Yungay avec un cadeau ! Rusula m'a offert un bonnet tricoté par elle, avant qu'elle ne perde son bras droit. Avec son mari, elle a tenu à saluer mon départ.

La route asphaltée est un régal. Le ciel est toujours un peu couvert, surtout à ma gauche (altitude de +6000 m oblige). Je me mets à maudire ce Huascaran. Un menuisier rabote un montant de fenêtre un peu voilée, sur des tréteaux, dehors. Beaucoup de bétails dans les champs mais en tout petits troupeaux.

Un coup d'oeil à tout hasard vers la gauche : inouï ! Sa majesté Huascaran montre le bout du museau. Avec la chaleur du soleil, la condensation diminuant, les glaces sommitales luisent. Ce n'est pas le grand beau, mais les deux sommets Sud et Nord sont capturés dans le petit boitier Sony. Carhuaz n'est pas bien belle. Cette petite ville est en fête mais l'accueil fut bien meilleur partout au Pérou jusqu'à présent. Ce qui frappe, en y entrant, est le peu de propreté des trottoirs et des caniveaux. Trouver un hébergement n'a pas été commode. Je me suis arrêté à Carhuaz en raison de l'accès à Olimpico, ce passage d'altitude qui vient d'etre totalement réaménagé avec une route goudronnée et un tunnel à 4750 m.

Dernier jour de fête aujourd'hui à Carhuaz. De très nombreuses bandas avec des danseurs très colorés parcourent la ville en tous sens, et se replient ensemble à la plaza de Armas pour s'exécuter dans l'église de la ville, chacune à tour de rôle. Un vaste marché occupe toutes les rues, très surveillé par la police. De gros nuages gris/noirs s'accumulent venant du sud-est. Subitement, c'est l'averse, provoquant une petite panique chez tous les camelots pas très équipés. C'est le sauve-qui-peut dans tous les sens. Pas de parapluie. Les beaux chapeaux de ces dames sont recouverts de sacs plastiques. On ne voit plus grand chose dehors lorsque le tonnerre se met lui aussi à la fête. Heureusement, la pluie ne dure pas trop longtemps. Les rues sont jonchées de légumes et de fruits. Les balais sortent. La musique des bandas reprend. Ce soir, la Plaza de Armas est noire de monde.

Yungay - Carhuaz 30 km 8h - 11h +391 m -219 m maxi 2515 m

(en fonction de votre connexion il faut baisser la qualité de la vidéo en cliquant sur la petite roue en bas à droite)

3 octobre - Paso Olimpico, le plus haut tunnel du monde !

Il faut se l'attraper ce tunnel. Il est à 4730 m avec une énorme pancarte prétendant que ce serait le tunnel le plus élevé en altitude. Partant de Carhuaz (environ 2500 m), il faut monter la différence sur 53 km. J'ai gambergé pas mal pour savoir s'il était raisonnable de tenter le diable. Hier soir, le ciel était couvert de gros nuages, avec de la pluie puis les grondements du tonnerre. N'est-ce pas un peu long ? 53 km, c'est juste la montée ; il faut revenir. Combien de temps durera cette montée ? ... Ce matin, à 6 h, le ciel avait l'air de me faire signe de partir. J'avais repéré la veille la sortie de Carhuaz mais ... j'ai voulu prendre un raccourci et suis tombé dans une espèce de bidonville qui puait l'urine. La route est trouvée. En piste pour essayer de grimper les 50 km qui mènent à ce tunnel. Mais, avant ... normalement, belle vue sur le profil Sud-Ouest des Huascaran, si ... les écharpes de nuages sont sorties.

Chance ! Est-ce la pluie et le tonnerre d'hier soir ? Ce matin, je peux voir les deux Huascaran dégagés bien que pas très éclairés - il est entre 6 h et 7 h. La route est magnifique : asphaltée, pente régulière, très peu de trafic. Et ce sera comme cela jusqu'en haut, sauf ... 8 km à hauteur de plusieurs villages qui se touchent dont Shilla. Difficile de comprendre que l'on ait fait une route superbe sauf pour les portions habitées où, là, on retrouve les vieilles pistes caillouteuses avec toutes les déjections qui dégoulinent de partout. Sinon, cette toute nouvelle route tracée avec des pentes raisonnables (6-8% la plupart du temps), asphaltée, deviendra à n'en pas douter, une classique des courses cyclistes au Pérou.

La montée m'a fait penser au Galibier versant sud. Après les villages, on entre dans une quebrada exactement comme pour les lagunas Paron et Llanganuco, avec passage au contrôle du parc national du Huascaran. Puis, la vallée s'élargit pour donner naissance à ce que dans les Pyrénées on nommerait des oulettes - grandes prairies d'altitude façonnées par les glaciers avec un torrent qui déambule. Beaucoup de bétails (vaches, ânes). On laisse derrière soi les Huascaran pour grimper le dernier raidillon, une kyrielle de lacets sur 10 kilomètres, plus impressionnants à voir que redoutables. J'arrive à 13 h soit tout de même 6h30 de montée.

Un bout de biscuit, une banane, un petit coup de Coca cola, la descente est vite entamée car, toujours au Sud-Est, les nuages commencent à devenir vilains. Un quart d'heure plus tard, les premières gouttes. Poncho ? Il y a du vent donc ça ne devrait pas durer. Au fur et à mesure de la descente d'altitude, le temps devient meilleur. Descente roulante car le trafic est quasi nul. Un peu de gymkhana dans les pistes des villages. Je me fais surtout remarquer par les freins qui couinent. Les sommets sont à nouveau dans les nuages. Arrivée à Carhuaz à 15 h. Inespéré !

Carhuaz n'était pas une cité très engageante. La fiesta est finie. Elle devient presque sinistre. Pas un restaurant digne de ce nom. Pourtant, il faudra bien manger ce soir après cette étape qui sort un peu de la norme !

Carhuaz - tunnel du Paso Olimpico - Carhuaz 106 km 6h30 - 15h +2012 m -1949 m maxi 4130 m

4 octobre - En petite vitesse pour Huaraz

Pas fâché de laisser Carhuaz. La route qui mène à Huaraz, loin pour moi d'être tranquille, est très étroite. Comme d'habitude, bus, collectivos, camions vont à fond de train. Les chiens ont toujours besoin de prouver qu'ils gardent bien leur patron. On longe toujours le Rio Santa (qui alimente le Canon del Pato). Beaucoup de flemme ce matin. Tous les prétextes sont bons pour s'arrêter : village perché, église, une photo de plus des Huascaran un peu endormis, relief de crêtes lointaines au soleil levant et, plus insolite dans ces lieux, un aérodrome avec une vraie tour de contrôle mais sans avion.

Je profite de ma flemme aiguë pour mettre de l'huile sur la chaîne qui ne cesse pas de couiner. Même le vélo n'a pas très envie de rouler : les vitesses ne passent plus que par deux et en net retard. L'entrée dans Huaraz se devine, il n'y a pas de panneau. C'est bien une très grande ville (plus grande que l'agglomération de Pau !) tout en longueur. Je cherche Jo's hotel dans Independencia district que m'avait recommandé Hervé des Hautes-Alpes. Personne ne connait. Je file à la Plaza de Armas pour interroger l'Office du tourisme. Carte en main, la direction est claire : six quadras tout droit au Nord, deux quadras à l'Est.

Une porte métallique, un tout petit trou pour passer la main et ouvrir la porte, une sonnette à 2 mètres. L'accueil est très agréable mais ... beaucoup de cyclistes sont là dont au moins trois que j'ai déjà rencontrés : le couple suisse et Handy, celui qui a dû déclarer forfait au Canon del Pato. Il n'est toujours pas très bien et rejoindra Lima en bus. J'en profite pour faire laver mon costume de pédalage, puisque je reste là deux nuits. Je paierai en partant m'a-t-on dit, combien ? je ne sais pas. La rue principale (qui prolonge la Panam) est bouclée par la police. Surprise. Le vélo passe bien sur. Une manifestation en musique et chansons : ce sont des enfants avec leurs maîtres qui, pancartes dressées, clament qu'il faut protéger l'eau, que l'eau c'est la Vie. Le centre-ville est propre, à la différence des quarante kilomètres de route entre Carhuaz et Huaraz. Devinez ce que j'ai mangé ce soir ? ... de la vraie purée !

Carhuaz - Huaraz 45 km 7h - 12h +498 m -119 m maxi 3090 m


5 octobre - Huaraz, la fourmilière

Même la nuit, ça tonne de tous cotés. Renseignement pris, les petits villages à l'entour de Huaraz, sont en fête et tirent des charges creuses qui explosent comme le feraient des feux d'artifice ... à n'importe quelle heure de la nuit. A 6 h, les bandas arrivent. La musique résonne dans la ville jusqu'à la nuit tombée. Vers 10 heures, c'est une nouvelle manifestation des élèves des écoles, de la grande maternelle au collège, avec costumes spécifiques à chaque école, pour vanter les bénéfices du sport. Tout cela se passe dans une ambiance bon enfant.

Le marché central est sous abri, organisé comme souvent par commerces du même type. Mais c'est la rue centrale qui reste la plus fréquentée avec, et c'est assez original, des arcades de part et d'autre sur des centaines de mètres qui donnent accès aux boutiques les plus variées, dont de très nombreuses agences de trekking proposant toutes sortes de combinaisons (de la visite en voiture aux grandes courses d'alpinisme ou aux treks de quelques jours avec les ... ânes). Beaucoup de mendicité mais aussi des personnes qui viennent se poser sous les arcades pour essayer de vendre leurs quatre biscuits faits maison à un prix ... nettement supérieur à ceux des pâtisseries. On a l'impression de faire une bonne action en achetant ainsi.

Passage chez le coiffeur ! Ca commençait à peser sur le vélo ! Les coiffeuses étaient curieuses comme des pots de chambre avec les questions classiques adressées au gringo. Au total, les Français restent des gens sympathiques d'après ce que j'ai pu entendre. Mon nez et mes cuisses pèlent fort ! Plus que quelques jours sous le ... soleil, comme dans le Sud-Ouest (de la France) semble-t-il !

A la plaza de Armas, la cathédrale est en construction depuis une quinzaine d'années, m'a-t-on dit. En attendant, les cérémonies ont lieu dans l'église juste à coté. Le musée d'Archéologie était ouvert. On se rend compte de la diversité des cultures (civilisations ?) qui ont marqué le Pérou, bien avant les Incas.

Préparant les "vivres de course" pour demain, j'ai voulu acheter trois bananes à une marchande de coin de rue : ce n'était pas assez ! Je suis allé voir la voisine, toute contente de vendre trois bananes et quatre pommes. Journée de repos. J'ai à nouveau huilé un peu la chaîne. Demain, dernier grand jour d'altitude.

6 octobre - Caramba ! ... quelle saucée j'ai pris !

Je coyais qu'il n'y avait que dans l'Oreille cassée de Tintin que ce mot existait ! Non, je l'ai entendu aujourd'hui à Recuay dans la bouche d'un Monsieur qui m'interrogeait sur mon parcours, et qui a lâché "Caramba" comme nous dirions "Ca alors !". J'étais arrêté devant ce qui serait normalement une salle dans une grotte avec stalactites et stalagmites, mais qui, là, était à ciel ouvert, comme si on avait une carrière sculptée. Surprenant ! Le Monsieur Caramba m'a dit avoir envie d'aller à Lima à vélo ...

Journée très, très humide pour atteindre les 4050 m de la Laguna Conococha tout au bout de la Cordillère Blanche, au Sud. C'est dimanche, donc le trafic n'a pas été dense, heureusement. Le poncho a été de sortie une nouvelle fois, mais cette fois ce n'était pas pour rire comme disent les enfants. Même le tonnerre a été plusieurs fois de la partie. Le ciel était gris-noir. Le plafond des nuages se rapprochait au fur et à mesure que je montais, et ... j'ai fini par y plonger dedans.

Conococha, c'est aussi un tout petit village (4105 m) qui surplombe l'immense lagune. J'ai du m'y arrêter car, non seulement, il pleuvait dru mais il a grêlé et même un peu neigé ! J'ai eu juste le temps de mettre un tout petit peu mon vélo à l'abri lorsque la grêle puis la neige sont tombées. A 4000 mètres, ce n'est pas trop surprenant. Une soupe m'a réchauffé un peu, mais pas de chambre possible à Conococha. Il faut descendre à Santa Rosa, m'a-t-on dit. Descendre, oui, car c'est le grand saut vers le Pacifique maintenant : 4000 mètres de dénivelée négative depuis Conococha. Un régal, sauf que, là, il grêle, il neige, il pleut : la totale. Que faire ? Rester bloqué là-haut ? impossible même de planter la tente quelque part par ce temps. Donc, j'entreprends par force de descendre à ... Santa Rosa (15 km environ) tout encapuchonné.

Le vélo était déjà trempé, ce sera maintenant les chaussures. Le poncho, c'est bien mais totalement inefficace pour les jambes et les pieds. Les freins ... pas terribles du tout avec ce temps : il faut anticiper beaucoup car impossible de s'arrêter. Ils font un drôle de bruit à l'arrière. Santa Rosa ... aucune chambre possible. La guigne ! Avec ce temps pourri. Je continue, trempé pour trempé, quelques kilomètres de plus. Ca descend fort maintenant dans une vallée très étroite. Pas de ville avant le Pacifique. Je finis par voir un Monsieur tout dégoulinant qui me dit avec l'assurance d'un employé d'office du tourisme que, bien sûr, il y a des chambres dans le village un peu à l'écart, Mayorarca. J'arrive vers l'église et bute rapidement sur la fin des maisons. Deux dames papotent, un peu abritées dans la rue boueuse à souhait : "Une chambre ?" "Là, en face". Pas très engageant, mais au moins je serai à l'abri.

Le vélo est remisé au rez-de-chaussée. Je monte des escaliers quasi verticaux en terre cuite, passe sur des planches, me fais saigner le crane en franchissant une porte très basse (j'avais toujours le poncho ...) et trouve une pièce avec un lit, au sec. Ce sera mon cinq étoiles d'aujourd'hui ! Dehors, il pleut comme jamais ! ... J'inspecte les freins. Les patins à l'arrière sont usés jusqu'au métal. Le fer du patin touchait la jante. Pas bon du tout. Heureusement que j'ai un jeu de patins de remplacement. Ca me rappelle ma traversée de Thonon à Nice où, lors de la descente du col de la Bonnette dans des conditions semblables, j'avais tellement dû serrer les freins que le fer du patin arrière avait fini par découper la jante ...

Je suis maintenant définitivement en-dessous des 4000 mètres. Est-ce que demain la pluie aura cessé ? Vu comme c'est bouché partout, ce n'est pas gagné d'avance. Il me reste à voir si je peux trouver à manger. Sinon, j'ai toujours ma boite de thon en réserve depuis ... Quito.

Huaraz - Mayorarca 105 km 6h30 - 16h +1265 m -1043 m maxi 4105 m

7 octobre - La descente vers le Pacifique, ça sèche !

Grand beau ce matin ! Inespéré. Finalement les sacoches ont bien tout préservé malgré les pluies diluviennes reçues hier. Le problème, ce sont les chaussures. Impossible de faire sécher, donc chaussettes mouillées et chaussures mouillées ce matin. Photo souvenir de mon hôtesse qui avait mis son costume traditionnel pour honorer mon départ.

Beaucoup d'ouvriers attendent sur les bords de la route le passage du bus ou du camion qui les transportera jusqu'au lieu de travail. Que la montagne est belle, éclairée pour faire mieux apparaître ses reliefs ! La vallée du Rio Fortaleza est ponctuée de villages. Plus on descend en altitude, mieux apparaissent les immenses étendues désertiques. Seuls les abords du Rio sont verts. Beaucoup d'irrigations très intelligemment conçues conduisent l'eau à une vitesse maîtrisée vers les prés, vers les champs, vers les jardins potagers. A noter qu'il n'y a pas d'irrigation par aspersion, le système par ruissellement étant de loin plus efficace.

En arrivant sur la plaine côtière, le système de culture change totalement avec d'immenses étendues de maïs et de canne à sucre. Mon vélo présente un peu de fatigue dans le freinage (malgré le changement des patins à l'arrière, hier soir) et dans les passages de vitesse. Par précaution pour la machine, je suis descendu à l'économie sur les 40 premiers kilomètres puis le "solde" (quelques 80 kilomètres) a été parcouru tranquilou pour d'abord joindre la panaméricaine, ensuite bifurquer vers Barranca, une assez grande ville proche de l'Océan Pacifique. Plus que d'autres jours, les chiens ont essayé de me faire peur. Ils ont réussi en partie lorsqu'ils s'y mettaient à trois. Sinon, la technique est de leur faire face, d'attendre qu'ils approchent un maximum pour leur flanquer un coup de pied dans la gueule. C'est hardi, mais ça marche.

Pas fâché de descendre au niveau de la mer après ce long mois de vélo. Quatre jours de vélo-pépère m'attendent pour joindre Lima.

Mayorarca - Barranca 125 km 7h - 14h +96 m -3174 m maxi 3200 m

8 octobre - Caral -2000 à -2600 avant J-C

Des piles d'assiettes en forme de pyramides ... Je ne pouvais pas ne pas aller voir ce qui a été identifié comme le témoignage de la première civilisation américaine. Le site archéologique de Caral comprend six pyramides qui présentent un dernier étage plat. La visite approfondie ne peut se faire qu'à pied, dans le sable. On a une vision panoramique dès l'entrée sur le site qui se trouve dans une zone désertique. Ainsi, au lieu des 45 km prévus, j'en ai fait 107 aujourd'hui dont 62 km de piste. Parti de Barranca, on prend la direction Sud vers Supe puis, plein Est, une piste pour atteindre le village de Caral, et, de là, une nouvelle piste qui se termine dans le sable. Impossible de poursuivre en restant sur le vélo. Dès l'abandon de la voie goudronnée, on entre dans la culture irriguée à grande échelle : canne à sucre, maïs, mais aussi asperges et fraises.

Les fouilles sont en cours. Peu ou pas d'indications pour guider les gens, même aux bifurcations obligatoires. Assurément, ce site de Caral est promis à un bel avenir touristique. Retour par la même piste très chaotique, puis panam jusquà Huacho.

On trouve, comme au Sud de Lima, beaucoup de propriétés privées en bordure de l'océan Pacifique dont des exploitations industrielles de volailles. A Huacho, grande ville, j'ai eu la chance de tomber dans un hôtel où le propriétaire est un amoureux de la petite reine. J'ai eu droit à une portion très avantageuse de chicharons de calamars et de poulpes. J'en aurai pourtant mangé le double. Plus que trois jours de pédalage pour atteindre Lima, trois étapes normalement plutôt courtes. On lève un peu le pied ...

Barranca - Caral - Huacho 107 km 7h - 15h +548 m -590m

9 octobre - Désert, propriétés ... privées

J'ai eu du désert de sable durant les trois quarts du parcours Huacho - Huancay, avec des montées insidieuses. Ca montait très peu, mais avec les plus de 100 kg à transporter, la moindre pente à trois degrés pousse à l'humilité : 7 km/h et pas plus sinon c'est vite l'asphyxie ! Alors, le désert "presque plat" devient vite une galère, d'autant que la route est toute droite et que j'ai été ... dans le brouillard et le petit crachin typiques de la côte Pacifique.

La sortie de l'hôtel fut rapide. A 6h30, mes sacoches sont prêtes. Je sors de la chambre et dis bonjour à la personne qui assure l'accueil. Pas de réponse mais une moue qui en dit long. Manifestement, le l'ai surprise. Du coup, je comprends qu'il faut que j'évacue vite. Mes sacoches ont été prestement descendues dans la rue par ladite veilleuse de l'hôtel. Adishatz ! 10 km plus loin, juste après le péage, je m'arrête pour manger un peu, en demandant deux oeufs frits : pour toute réponse, je reçois un "dos solares" presque véhément. Du coup, ça m'a accéléré le coup de fourchette ! C'est curieux comme les gens sont vraiment très surprenants parfois.

Le désert de sable de part et d'autre de la route, long, long, tout en ligne droite dans un brouillard qui est devenu du crachin, à petite vitesse : c'est fatiguant ! L'océan Pacifique se devine à peine, à droite, souvent masqué par les énormes installations d'élevage de poulets, pitées dans le sable. On dirait un "mur du Pacifique". Quand il n'y a pas de bâtiments d'élevage, on voit défiler des grands panneaux "concessions minières". On se demande où se trouvent les espaces accessibles au public ...

J'ai avalé la boite de thon achetée à Quito. Je crois que je n'ai pas assez mangé ces derniers jours. Chancay est une ville presque méconnue sur internet, avec pourtant plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Direction la plaza de Armas comme toujours. Je trouve un hôtel confortable. Mais les prix augmentent à mesure que l'on s'approche de la capitale Lima ...

Huacho - Chancay 71 km 7h - 15h +571 m -570 m

10 octobre - Corniche Pacifique ... exceptionnel !

Imaginez une dune de sable de plusieurs centaines de mètres de hauteur et d'une vingtaine de kilomètres de longueur, qui longe l'océan Pacifique. Le brouillard ajoute à l'insolite. Une très belle chaussée goudronnée a été tracée, en corniche, dans des pentes telles que des engins de chantier doivent en permanence évacuer le sable pour permettre le passage des ... camions. Et des seuls camions ! Interdits les voitures et les vélos. Situation probablement unique au monde.

C'était trop tentant. J'ai pris cette route avec crachin et brouillard. Exceptionnel ! Mais il vaut mieux regarder vers l'océan que vers les tonnes de sable qui vous dominent. C'est plus ... rassurant. La route épouse toutes les ondulations sculptées par le vent. L'océan écume en s'écrasant en boucles contre la dune. Quelques kilomètres et l'on aperçoit en contrebas un ensemble bâti qui est surprenant au plan architectural par les matériaux, les formes, la composition, et par la population qui l'habite, des végétariens d'après ce que m'a dit Kike. C'est repéré sur les cartes par Eco Yoga villages. L'accès se fait depuis Pasamayo.

En sortant de cette merveille paysagère (mais contresens écologique), on apprend par le péage demandée, que c'est une route sous concession. On tombe alors sur des tanks, des canons de la Marine péruvienne. On est entouré de propriétés militaires. Instinctivement, j'ai enfoncé mon casque un peu plus sur ma tête. Quelques kilomètres plus loin, toujours sain et sauf, j'arrive au village d'Ancon, puis à Santa Rosa où j'ai décidé de me poser. Pas d'hôtel, pas de wifi. Un hospedaje m'accueille. Comme souvent, avant de payer, la douche est toujours chaude ; comme souvent, après avoir payé, l'eau chaude doit arriver ... plus tard ou jamais. Pas fâché d'être à quelques dizaines de kilomètres de Lima. Demain ... l'arrivée !

Chancay - Santa Rosa 40 km 7h30 - 12h +124 m -160 m

11 octobre - La terreur de l'entrée dans Lima

Plus on s'approche des capitales andines plus l'adrénaline monte chez le cycliste. Après avoir laissé sans regret ma douce habitation de Santa Rosa, me voilà dans le feu de l'action, non pas pour pédaler (c'est devenu une deuxième nature) mais pour lorgner les dangers potentiels afin de les éviter. La panam s'élargit de plus en plus, le nombre de véhicules croît sans cesse, au fur et à mesure que l'on s'approche de la capitale. Rien de bien original : on arrive à Lima, comme on arrive à Quito, comme on arrive à La Paz, comme on arrive à Santiago du Chili, pour ces capitales que je connais. C'est la guerre, déclarée par le plus faible (le cycliste) au plus fort (les véhicules). Je refuse d'aller toujours dans le sable du bas-coté de la chaussée goudronnée, même si parfois le monstre qui arrive est tellement énorme que je me dois d'y plonger. Résultat : je me fais frôler à de nombreuses reprises mais une fois tellement prêt que le coup de poing est parti dans le minibus. Ouf ! Ca fait du bien même si ça ne sert à rien.

Cahin caha, j'arrive tant bien que mal à l'aéroport international (après trois points GPS cartographiques qui m'ont évité de grosses erreurs) pour confirmer mon départ le 13, comme c'était demandé. L'aérogare est bondé. Je suis un OVNI avec mon vélo harnaché au milieu de tous ces gens. Le comptoir LAN (compagnie chilienne) est en vue. Pas besoin de confirmation pour l'enregistrement, me précise-t-on ; il faut se présenter trois heures avant l'heure indiquée. Et le carton pour le vélo ? Il suffit de le faire emmailloter dans du film plastique. Dehors, on m'indique qu'il y a des jeunes qui font ce travail deux fois moins chers qu'à l'aérogare.

Rassuré, je file chez Kike et Miriam qui m'avaient reçu il y a trois ans lors de mon parcours Lima - Santiago, le meilleur gite jamais trouvé en qualité d'accueil, de confort, de services (à recommander http://www.lima1night.com). Re-positionnement GPS cartographique car Lima est en grands travaux d'infrastructures routières, et, avec la poussière, il est très difficile de s'orienter car les noms des rues affichés dans Google Maps ne sont pas toujours les mêmes que ceux indiqués par les panneaux. Pause midi avec chicharons de poisson (le poulet va finir par être jaloux) et ... avocats en mayonnaise ! Enfin, je me décide à goûter ces avocats qui ont une saveur bien meilleure que chez nous, avec la mayo ! Même pas malade !

Le pédalage est fini. Je retrouve la porte de chez Kike. Accueil très cordial. Je porte une bouteille de vin rouge argentin. Et ... le carton ? On file une heure après avec Kike chez un marchand qui recycle les cartons. Rien ne va. Obligé d'en fabriquer un aux dimensions du vélo comme ceux d'Air France : 1,80 m x 0,80 m x 0,20 m. On papote sur le pas du magasin durant deux bonnes heures. Le carton n'entre qu'à moitié dans la voiture de Kike. Pas de problème : de la ficelle pour arrimer la porte de la malle.

Ce soir, je sens un peu de lassitude. Je dois me persuader que je suis bien arrivé. Les grosses inconnues sont finies puisque le Mulet aura bien son carton !

Santa Rosa - Lima (KIKE) 41 km 7h30 - 11h

12 - 13 octobre - Prêt pour le départ ...

... du retour en France. Deux journées de récupération chez Miriam et Kike : écoute de musiques, siestes prolongées, émissions TV Discovery et matches de foot, bonnes nourritures ... Le bonhomme est refait à neuf.

Débats prolongés (et pas toujours faciles avec l'espagnol) avec Miriam et Kike, et ... emballage du Mulet dans le très solide carton qui lui est dédié. Je l'ai un peu démantelé en lui enlevant la roue avant, flanqué une cale pour éviter que la fourche avant se déforme dans les manipulations aux aéroports, dégonflé les pneus pour éviter que la surpression les fasse éclater, démonté le guidon avant pour le ficher contre le cadre, tenu par du collant, enlevé la selle et sa tige pour les caler dans un porte-bidon, inversé les pédales pour éviter la surlargeur, démonté la béquille. Ainsi, le vélo a triste mine mais lui permet d'être bien sage dans son carton, avec comme compagnons de voyage le casque, le matelas, la pompe, les arceaux de la tente, l'écarteur, une sacoche vide. L'ensemble cartonné pèse 22,700 kg. Comme autre bagage en soute, deux sacoches pleines solidarisées par une élastique pour ne faire qu'un bagage de 9 kg, le total du poids en soute ne devant pas dépasser 32 kg. En bagage cabine, la quatrième sacoche pleine et la sacoche de guidon contenant le netbook. Je suis en limite de charge autorisée avec, normalement, un surcoût à payer pour le vélo de 60 à 75 euros ou dollars. Wait and see ... car tout dépendra de l'état mental du moment de l'employé(e) à l'enregistrement. Bisous à tous. A ... demain en France !

14 octobre - Le retour en France : bien arrivés ...

... et moi et le vélo ! Bravo LAN Chile et merci pour l'absence de surcoût à payer pour le vélo. A la différence de l'aller où j'avais dû payer un surcoût vélo de 75 euros. Pourquoi cette différence de traitement alors que le billet était aller-retour ? ... Ca fait toujours partie des mystères des compagnies ou plus exactement de la plus ou moins grande mansuétude de l'employé(e) qui fait l'enregistrement. A l'aller, j'avais eu une employée qui probablement cherchait à faire du zèle (surcoût d'abord de 100 euros puis, après contestation de ma part, surcoût ramené à 75 euros). A Lima, j'avais pourtant un poids cumulé global en soute de 32 kg, j'ai eu droit à un grand sourire et à "Bon Voyage".

Le changement d'avion à Madrid se faisait avec 3 heures de décalage : suffisant pour que le vélo prenne le même avion suivant que moi. A l'aéroport de Blagnac, tout était en ordre : sacoches intactes, carton-vélo en état. Le fiston Thomas m'attendait. Le carton-vélo dépassait un peu de la Clio. Soirée dans la famille de ma fille Laure. La boucle est bouclée le lendemain, avec mon arrivée à Eysus. Le qashqai laissée durant 40 jours chez ma fille, était probablement tout content de retrouver son chauffeur. A la maison, l'énorme frêne du voisin est tombé avec un coup de vent ... chez moi. Milagro ... aucun dégât !

Merci à toutes celles et à tous ceux qui m'ont soutenu dans ce périple pas trop facile, par leurs messages ou par leurs pensées.

Photo du jour

24/02/24

 Un sous-marin dans la baie de Puerto Montt devant les fumerolles du volcan Chaiten